Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6,1-6.
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.
COMMENTAIRE
Accueillir la nouveauté de Dieu
Jésus revient chez lui. C’est toujours spécial de revenir chez soi. Fais du feu dans la cheminée, je reviens chez nous, chantons-nous avec Jean-Pierre Ferland, s’il fait du soleil à Paris, il en fait partout. Nous sommes tous un peu nostalgiques de nos origines. Revoir les maisons, les champs, les boisées de notre coin, c’est toujours émouvant. Si bien des choses ont changés avec le temps, tout est pareil au fond.
Jésus revient donc à Nazareth, chez lui. Déjà l’évangéliste a relaté ses premières expériences en Galilée. Il a rapporté diverses réactions. Les foules sont nombreuses à le suivre, à l’écouter, à s’émerveiller. Les chefs religieux, eux sont inquiets, soupçonneux.
Jésus n’est plus seul. Il a des disciples. Pendant des mois, poussé par l’Esprit, il a proclamé l’imminence du Règne de Dieu. Dans la vive conscience qu’il a d’accomplir une mission unique, il apporte une bonne nouvelle aux pauvres, aux petits, aux pécheurs. Il parle du grand amour dont le Père les aime. Il se révèle pour eux le témoin passionné de cet amour, de cette miséricorde pour tous. Il invite chacun, chacune à se convertir pour entrer dans la joie et la paix du Royaume, dans une espérance inouïe.
Cette popularité étonnante de Jésus sera bientôt une valeur ambiguë pour les gens de Nazareth. Nous les voyons d’abord réceptifs. Comment ne seraient-ils pas fiers du gars de chez eux qui leur fait autant honneur? Le voici qui enseigne dans leur synagogue et qui leur dit, à eux aussi, les choses étonnantes que l’on sait. Mais ce Jésus, qu’ils pensent être totalement un des leurs, les inquiète. Comment se fait-il qu’il soit comme ça? C’est trop fort. Ils sont choqués, scandalisés. Ils cherchent à banaliser ou à réduire ce personnage qu’ils découvrent. Ils en ont peur. Les nazaréens n’acceptent pas que leur Jésus soit autrement que ce qu’ils pensent qu’il devrait être, rien de plus qu’eux-mêmes.
Cette réaction ne nous est pas étrangère. Nous la retrouvons autour de nous et même dans nos coeurs. Toutes les raisons ne sont-elles pas bonnes pour ne pas croire dans les autres, pour ne pas croire en nous-mêmes, pour nous méfier de tout ce qui ne rentre pas dans nos catégories et nos habitudes. Ainsi en est-il pour nous avec Jésus. Nous pensions que nous le connaissions par cœur. Notre besoin de contrôler et notre attitude hypercritique éveillent en nous le doute et les soupçons. Et nous trouvons toutes sortes de prétextes pour garder nos distances face au Christ, face à la foi chrétienne. Nous prenons volontiers des voies d’évitement. Où peuvent nous mener ces chemins s’ils sont tracés par la méfiance et l’orgueil ? À nous y engager, ne risquons-nous pas le vide, l’impasse et le non sens?
Pour retrouver la confiance qui nous rapprocherait de la foi, il faudrait nous garder de la suffisance réductrice, des réputations toute faites Il nous faudrait retourner à l’école et donner sa chance à celui qui peut nous instruire. Être capables d’écouter pour voir avec un cœur vraiment ouvert sur le Mystère, un cœur d’enfant, et un esprit libre des préjugés qui souvent nous bloquent ou qui nous font modeler tout le monde à notre seule image.
S’il nous arrive d’être nous-mêmes messagers décidés de la Bonne Nouvelle, il faudra tenir bon, malgré nos faiblesses et les obstacles, vivant notre témoignage le cœur et l’âme bien ancrés dans la foi. Devant nos interlocuteurs parfois peu réceptifs, que les mots de Bernadette Soubirous à son curé nous inspirent, elle qui, le voyant refuser de donner foi à ses propos, lui disait : « Je ne suis pas chargé de vous le faire croire, mais de vous le dire ! » Nous poursuivrons ainsi paisiblement, tout simplement, dans l’humilité de nos moyens, l’œuvre d’évangélisation que le Seigneur a daigné nous confier.