31 mai 2015
«Un seul Dieu en trois personnes.» C’est ainsi que notre petit catéchisme nous initiait au mystère de la Trinité. Nous initiait et nous mêlait en même temps. Nous avions beau répéter la formule mille fois. Le mystère restait un mystère indéfinissable, incompréhensible. Nous demeurions dans la nuit profonde de nos limites.
Sainte Marie de l’Incarnation, l’ursuline de Québec, au début de la présence française en Amérique du nord, avouait qu’elle avait reçu de Dieu lui-même, la grâce de pénétrer dans son mystère et d’en vivre profondément.
En lisant les écrits de Marie de l’Incarnation, j’ai cru saisir quelque chose de la démarche de la sainte. Sans pour autant parvenir à percer moi-même le mystère de Dieu. L’expérience de Marie de l’Incarnation relève avant tout d’une manière de regarder Dieu dans son invisibilité, si vous me permettez ce paradoxe.
En face de la Trinité, nous avons tendance à chercher des définitions rationnelles, scientifiques. Nous cherchons à comprendre intellectuellement la réalité de Dieu. Nous prenons une certaine distance comme nous le faisons quand nous étudions des ouvrages scientifiques.
Marie de l’Incarnation fonctionne différemment. Elle ne cherche pas à comprendre Dieu. Elle se laisse comprendre par lui. Comprendre au sens d’inclure. Dieu se laisse découvrir en nous incluant dans son mystère.
Le regard qui favorise l’entrée dans le mystère trinitaire, c’est le regard de l’artiste qui pénètre dans le monde de la beauté. Le langage le plus approprié pour dire quelque chose de vrai sur Dieu trois fois saint, c’est la poésie. Des images, des évocations, des suggestions. L’amour fait appel à la poésie pour s’exprimer. Les amoureux devinent leur amour. Ils ne le définissent pas. Et si, par hasard, ils essaient de le définir, ils se rendent compte rapidement que les mots sont trop petits, que le dictionnaire manque de vocabulaire pour dire quelque chose de ce qu’ils vivent ensemble.
L’amour doit être notre guide lorsque nous contemplons Dieu. Pas seulement notre amour, mais aussi et surtout l’amour de Dieu. Dieu nous fait goûter à sa vie en nous donnant son amour. Lentement, progressivement, très progressivement, nous pénétrons dans l’univers de Dieu. Un dicton prétend que tous les chemins mènent à Rome. En vérité, tous les chemins mènent à Dieu. On rentre chez Dieu par de grandes avenues comme par des sentiers discrets. On peut rentrer au son des trompettes et du cor. Le plus souvent, on est entraîné sans trop nous en rendre compte. Dieu nous laisse le rencontrer au gré des multiples événements qui enrichissent nos histoires personnelles et qui nous font grandir dans la foi.
La deuxième lettre aux Corinthiens se termine ainsi : «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous.» (2 Co 13, 13) Nous nous saluons souvent au cours de nos rassemblements en empruntant cette formule. Quelle est la grâce du Seigneur Jésus Christ, sinon l’amour de Dieu le Père que l’Esprit Saint traduit en communion en nous. La formule est concise mais elle est riche de mystère et d’appel à consentir à l’itinéraire que Dieu trace pour nous jour après jour.
Laissons-nous baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Plongeons en Dieu trois fois saint. Peut-être risquons-nous de nous perdre, mais nous perdre en Dieu c’est tout gagner.
«Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous.» (2 Co 13, 13)
Merci pour ce texte magnifique.