1 Alleluia !
Aleph. Je rends grâce à Yahvé de tout cœur
Bèt. dans le cercle des justes et l’assemblée.
Gimel. 2 Grandes sont les œuvres de Yahvé,
Dalèt. dignes d’étude pour qui les aime.
Hé. 3 Faste et splendeur, son ouvrage ;
Vav.sa justice demeure à jamais.
Zaïn. 4 Il laisse un mémorial de ses merveilles.
Hèt. Yahvé est tendresse et pitié.
Tèt. 5 Il donne à qui le craint la nourriture,
Yod.il se souvient de son alliance pour toujours.
Kaph. 6 Il fait voir à son peuple la vertu de ses œuvres,
Lamed. en lui donnant l’héritage des nations.
Mem. 7 Justice et vérité, les œuvres de ses mains,
Nun. fidélité, toutes ses lois,
Samek. 8 établies pour toujours et à jamais,
Aïn. accomplies avec droiture et vérité.
Phè. 9 Il envoie la délivrance à son peuple,
Çadé. il déclare pour toujours son alliance ;
Qoph. saint et redoutable est son nom.
Resh. 10 Principe du savoir : la crainte de Yahvé ;
Shin. Bien avisés tous ceux qui s’y tiennent.
Tav. Sa louange demeure à jamais
(Bible de Jérusalem)
Le psaume 111 est un psaume alphabétique, c’est-à-dire que ses vingt-deux lignes commencent par les lettres successives de l’alphabet hébreu. C’est ce qu’on a voulu rappeler en indiquant avant chaque ligne la lettre hébraïque. Cela est, bien sûr, une contrainte dont se sort admirablement bien le psalmiste. Il est comme obligé de dire quelque chose des actes et de la bienveillance de Yahvé à partir d’un mot commençant par chacune des lettres de l’alphabet. De plus, cette technique devait aider les gens à retenir par cœur ce psaume.
Ce psaume est à la première personne du singulier, mais en réalité le psalmiste parle au nom de toute la communauté pour faire l’éloge des œuvres divines. Ce psaume parle au sujet de Yahvé, mais jamais à Yahvé. Dieu est toujours à la troisième personne du singulier, jamais à la deuxième. Ce psaume fait appel aux origines de l’histoire d’Israël, en particulier au don de la manne et des cailles au désert. Il s’agit de rappeler ce que Dieu a fait pour son peuple.
Nous pouvons distinguer deux parties dans ce psaume. Les vv. 1-6 vont se rappeler de l’action de Dieu dans l’histoire du peuple d’Israël et les vv. 7-10 vont parler des implications de Dieu dans la vie du peuple.
v. 1 : Le psaume commence par « Alleluia ! » qui se trouve en dehors du cadre de la composition alphabétique. Le psalmiste dit qu’il rend grâce au milieu de l’assemblée de ceux qui sont réunis pour prier Dieu. Nous voyons, d’emblée, qu’il s’agit d’un individu qui prie au milieu d’autres personnes. Le psalmiste prie « de tout cœur », c’est-à-dire avec son cœur tout entier, non pas un cœur partagé vers d’autres dieux. Le psalmiste n’est pas seul. Non seulement, il prie entouré d’autres personnes, mais elles aussi font partie de son peuple.
v. 2 : Quand le psalmiste dit « grandes sont les œuvres de Yahvé », il ne pense pas tant à la Création qu’à l’action de Yahvé dans l’histoire d’Israël. C’est une allusion à toutes les grandes actions que Yahvé a pu faire au tout début de l’histoire du peuple : l’exode et le passage de la mer Rouge, le don de la Terre sainte, etc. (cf. Ps 106,21 : « ils oubliaient Dieu qui les sauvait, l’auteur de grandes choses en Égypte. »). Le peuple pourra passer de longues heures d’études à méditer sur ces grandes actions que Dieu a pu faire pour lui.
v. 3 : Ce verset est parallèle au v. 2, il vient le déployer. Si ses actions sont grandes, c’est que Dieu est Roi, d’où les termes de « faste » et de « splendeur » qui sont habituellement réservés aux rois de la terre. On nous indique pourquoi cela vaut la peine d’étudier les actions de Dieu. Les actions divines ne sont pas seulement l’œuvre de sa majesté et de sa splendeur, elles trouvent aussi leur origine dans sa justice qui « demeure à jamais ». Les actions de Yahvé ne sont pas seulement des actes de puissance, ce sont aussi des actes de justice.
v. 4 : Le Seigneur laisse un mémorial de ses actes. Ce sont les actes eux-mêmes qui sont mémorial et merveilles (cf. Ex 3,20 : « aussi j’étendrai la main et je frapperai l’Égypte par les merveilles de toute sorte que j’accomplirai au milieu d’elle ; après quoi, il vous laissera partir. »). Ce sont des actes de puissance, mais aussi des actes qui montrent que « Yahvé est tendresse et pitié ». Ce sont deux termes que nous trouvons en Ex 34,6 quand Dieu se présente : « Yahvé passa devant lui et il proclama : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à colère, riche en grâce et en fidélité. ».
v. 5 : Parmi les grandes actions de Dieu, le psalmiste va en rappeler quelques-unes en particulier. Lorsque Dieu a envoyé la manne et les cailles au peuple dans le désert (cf. Ex 16 ; Nb 11). Le peuple qui était dans le désert est bien un peuple qui craignait Yahvé (cf. Ex 15,31 : « Israël vit la prouesse accomplie par Yahvé contre les Égyptiens. Le peuple craignit Yahvé, il crut en Yahvé et en Moïse son serviteur. »). Au début de l’exode, Yahvé s’est souvenu de son alliance (cf. Ex 2,24 : « Dieu entendit leur gémissement ; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob ».).
v. 6 : Le v. 6 parle de la « vertu de ses œuvres », c’est-à-dire de la force des œuvres divines. Yahvé a manifesté sa force au cours de l’exode (cf. Ex 9,16 : « mais je t’ai laissé subsister afin que tu voies ma force et qu’on publie mon nom par toute la terre. ») et lors du passage de la mer Rouge (cf. Ex 15,6 : « ta droite, Yahvé, s’illustre par sa force, ta droite, Yahvé, taille en pièces l’ennemi. »). L’héritage des nations est une allusion au don de la Terre promise.
v. 7 : Le v. 7 est un tournant au sein du psaume. Si le v. 7a, en parlant des œuvres de Yahvé comme étant « justice et vérité », est comme un résumé des vv. 1-6 ; le v. 7b, en parlant de « toutes ses lois », ouvre vers une autre direction qui est celle de la vie du peuple d’Israël. La fidélité de Dieu à l’égard du peuple se manifeste non seulement par les actes du passé, mais aussi pour toute la vie quotidienne aujourd’hui et demain grâce aux commandements (cf. Ps 19,9 : « les préceptes de Yahvé sont droits, joie pour le cœur ; le commandement de Yahvé est limpide, lumière des yeux. »).
v. 8 : Les lois de Dieu sont comme sa justice, établies pour toujours. Ces lois justes permettront à ceux qui les suivent de devenir justes (cf. v. 1 : « le cercle des justes »).
v. 9 : Dieu a envoyé la délivrance à son peuple, c’est-à-dire la rédemption, la libération, c’est ce que dit Ex 8,19 : « je placerai un geste libérateur entre ton peuple et mon peuple ; c’est demain que se produira ce signe. ».
v. 10 : Nous trouvons dans le v. 10 deux allusions à la sagesse : la crainte de Yahvé est principe du savoir (cf. Pr 1,7) ; ceux qui craignent Yahvé sont bien avisés. Enfin le mot « louange », en hébreu tehillâ, forme une inclusion avec le mot « alleluia » du début du psaume.