Le 24 mai 2015
Le récit de la Pentecôte (Actes 2, 1-11) se termine par une longue liste de lieux géographiques. Ces noms de régions du Moyen Orient ne sont pas tous faciles à prononcer pour qui n’est pas familier de la Bible.
Lors d’un dimanche de Pentecôte, celui qui devait proclamer la lecture à la célébration eucharistique me demanda s’il pouvait biffer cette liste de noms «imprononçables»! Il craignait de ne pas rendre les mots comme il faut. «D’autant plus, me dit-il, que ces pays ne nous disent rien. C’est étranger à notre culture. Toute cette géographie, c’est du chinois pour nous.»
J’ai répondu : «Tant mieux! Tant mieux si cela nous est étranger. Tant mieux si tu bafouilles en nommant ces pays. Tant mieux si les autres vont sourire de te voir embourbé. Plus cela nous paraîtra étranger, plus il nous sera possible de reconnaître que tout l’univers est la patrie de l’Esprit.»
On peut entendre l’Esprit en Phrygie et en Pamphylie comme il peut s’adresser aux gens de Québec, de Moncton, du Honduras ou de la Suisse. Oui, l’Esprit Saint est citoyen de tous les pays du monde. Il parle toutes les langues.
Et partout, dans toutes les langues du monde, l’Esprit transmet le même message. Il parle de Dieu comme on parle d’un père. Et par conséquent, il parle de fraternité entre les humains et de concorde entre les peuples. Il présente en Jésus, une bonne nouvelle pour les pauvres et pour les morts. Et par conséquent, il promeut la vie, la justice, la bonté. Il parle de la grandeur de chaque personne. Il parle de l’amour.
Sur tous les continents, dans chaque pays, l’Esprit entreprend des projets qui favorisent la communion entre les humains, et des humains avec Dieu. Partout, il épouse les causes qui rendent la terre plus habitable. Il offre au royaume un espace pour éclore et à l’Évangile les moyens de s’étendre à la grandeur de l’univers.
Chacune de nos vies, même la plus laide, est une histoire sainte. Nous construisons cette histoire jour après jour, humblement, à la mesure de nos talents et de nos compétences. Cette histoire, Dieu en fait la sienne. Par nous et avec nous, il poursuit son œuvre. L’Esprit adopte notre vie personnelle pour rendre témoignage du Christ, le Fils de Dieu. Il laisse résonner en nous l’écho de son Évangile. Il est le souffle qui anime cet Évangile pour qu’il féconde la terre.