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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Dimanche de la Sainte Trinité

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

RondaTrinity

La Signature de notre Dieu

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 28,16-20. 
En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

COMMENTAIRE

« Allez donc! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »  Cette consigne de Jésus est impérative.  Elle a d’ailleurs été prise très au sérieux depuis les temps apostoliques.

Dans le baptistère de l’église St-Dominique cette phrase est reprise deux fois, d’abord en bordure d’un vitrail montrant le Christ en ascension avec, sur fond d’océan, une foule de petites barques partant vers les bouts du monde, puis écrites en lettres gothiques à mi-hauteur des murs tout à l’entour de la pièce. « Allez donc enseignez toutes les nations les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».

Dans nos milieux québécois cet appel de Jésus, rapporté en S. Matthieu au moment de l’ascension, ne faisait pas de problèmes. Il soulevait d’emblée l’enthousiasme et la générosité. Il ouvrait la porte à toutes les audaces missionnaires que l’on sait. Il était évident qu’il fallait aller de l’avant avec l’Évangile et la propagation de la foi, chez nous comme ailleurs dans le monde.

Nous constatons de nos jours une hésitation et un ralentissement notable dans notre ferveur et nos convictions. Une plus grande connaissance de la diversité des pratiques et croyances religieuses, la montée des fiertés nationales, la mise en valeur des traditions autochtones et des cultures qu’elles ont inspirées, tout cela contribue à remettre en question notre unanimité et nos solidarités spirituelles d’autrefois. D’où la perplexité de plusieurs, l’indifférence d’un grand nombre, le refus grandissant de tout prosélytisme.  « Certains ont des doutes », lisions-nous dans l’évangile.

Faudrait-il pour autant nous taire ? Certainement pas.  Faut-il revoir le langage, les mots, les concepts qui disent notre foi? C’est bien probable. La révolution culturelle que nous vivons oblige à réviser nos façons de dire et même de penser. Nous n’avons pas le choix de retrouver le sens profond et les valeurs universelles de l’Évangile du Christ. Nous ne pouvons plus aller naïvement avec les mots d’hier sans adapter nos formules et rafraîchir nos images pour les rendre « porteuses » dans les sensibilités d’aujourd’hui.  Il faut acculturer notre foi dans nos manières de la vivre, de la dire, de la transmettre. Nous devons pour cela revenir aux témoins authentiques de la foi chrétienne, revenir aux lieux premiers de la transmission du donné révélé, revenir à la source, à la vie, à Dieu lui-même. Il faut peut-être nous dire qu’en ce qui concerne la foi, nous avons moins besoin d’un système de pensée super bien articulé, que d’un témoignage inspirant, issu d’une expérience amoureuse réelle, relation d’alliance que nous avons la joie de connaître et de vivre, et dont nous ne pouvons pas ne pas témoigner avec passion, intelligence et gratitude.

À cet égard, une représentation trinitaire bien suggestive a été dessinée en mosaïque sur le grand mur intérieur du baptistère de l’église, donnant sur la tour du clocher : c’est le Christ en croix appuyé sur son Père, qui, assis derrière lui, tient les bras de la croix. Le Père est là supportant son fils, le visage et le geste empreints d’une immense tendresse. Le Père qui souffre en silence. Le Père qui aime infiniment. Et, au-dessus d’eux, la colombe, l’Esprit nous révélant le mystère qui est don extrême du Père et du Fils. Le Christ posé à l’avant comme pour illustrer l’amour premier du Père qui nous donne son fils. Le Père épousant le geste du Christ en offrande. C’est le monde à l’envers. La Trinité que nous connaissons. Mystère d’amour infini. Révélation de l’intimité de Dieu. Dieu tourné vers nous. Dieu tellement proche de nous.  Dieu projeté sur l’écran du monde pour se dire et nous interpeller dans notre quête de sens et d’inspiration, dans tous nos amours et nos engagements.

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