Dans ce texte tiré du canon ancien (mis par écrit au Ier siècle avant notre ère), le Bouddha explique à ses amis comment le fait de prendre refuge dans le Bouddha [l’Éveillé], le Dharma [Loi ou doctrine] et le Sangha [Communauté] peut les aider à surmonter les craintes qui les empêchent d’avancer sur la voie.
(…) Si vous, ô moines, vous vous trouvez dans la forêt, au pied d’un arbre, ou dans une maison vide et que vous éprouviez crainte, tremblement ou horreur, pensez alors à moi en vous disant : «C’est lui le Tathâgata, celui qui est droit, correctement et pleinement éveillé, doué des sciences et des pratiques, le Bien allé, le connaisseur du monde, le suprême conducteur de ces êtres à dompter que sont les hommes, l’instructeur des dieux et des hommes, le Bouddha, le Bienheureux.»
Car si vous pensez à moi, ô moines, la crainte, le tremblement ou l’horreur que vous éprouvez disparaîtra.
Mais si vous ne pensez pas à moi, alors pensez à la Loi en vous disant : «La Loi a été bien formulée par le Bienheureux; elle est rétribuée dans l’existence présente; elle est indépendante du temps; elle demande à ce qu’on vienne l’examiner; elle conduit au bon endroit et doit être connue intérieurement par les sages.»
Car si vous pensez à la Loi, ô moines, la crainte, le tremblement ou l’horreur que vous éprouvez disparaîtra.
Mais si vous ne pensez pas à la Loi, alors pensez à la Communauté en vous disant : «La Communauté des disciples du Bienheureux suit le bon chemin, suit le droit chemin, suit le chemin de la méthode correcte, suit le chemin de la vie correcte. Il s’agit ici des quatre paires de personnalités ou de huit groupes de personnalités. Cette Communauté des disciples du Bienheureux est digne de vénération, digne d’accueil, digne d’offrandes, digne d’être salué les mains jointes; elle est pour le monde le suprême champ de mérites.»
Car si vous pensez à la Communauté, ô moines, la crainte, le tremblement ou l’horreur que vous éprouvez disparaîtra.
Quelle en est la cause? Le Tathâgata [Ce terme désigne un être pleinement éveillé.], ô moines, est un saint, correctement et pleinement éveillé; il est libre de désir, libre de haine, libre d’erreur : il est donc ni craintif ni tremblant ni anxieux ni lâche.
Sermon sur la Pointe de l’Étendard, trad. Étienne Lamotte, dans
Le bouddhisme, textes traduits et présentés sous la direction de Lilan Silburn,
Fayard, 1977, p. 82-84.