Lors d’une fin de semaine à la neige dans le Jura, je regardai les enfants dévaler la piste de luge juste au pied de l’église désaffectée du village. La pente était pleine de bosses et les luges ne glissaient pas toujours très bien. Pourtant, au fur et à mesure des multiples descentes, les yeux s’émerveillaient, les joues rosissaient dans le froid hivernal. On se serait presque cru au Québec !
Toutes les descentes n’étaient pas vertigineuses et certaines tournaient court à quelques pas du point de départ. Mais les sourires restaient accrochés entre les deux oreilles. Le genre de bon moment dont le souvenir reste longtemps.
Quand on grandit avec les soucis et les responsabilités qui s’accumulent, il me semble qu’on continue à sa façon de dévaler des pistes de luges. Mais nous autres adultes, nous nous faisons notre cinéma. Nous anticipons ce que nous allons vivre et bien souvent, sinon toujours, la réalité vient apporter un démenti à nos « fantasmes ». Peut-être qu’être heureux, c’est simplement accepter cette distance irréductible entre ce que nous imaginons vivre et ce que nous vivons.
Pour les adultes, les descentes doivent être « super ». Tout doit réussir. Et puis les bosses ou les faux départs provoquent de la grogne. Nous repartons toujours à la recherche de la prochaine descente qui doit être belle, celle-là, oui ! Alors que les enfants sont dans l’instant présent, ils goûtent chaque descente, réussie ou calamiteuse. L’essentiel, c’est le froid piquant et l’émotion de la glisse.
Peut-être est-ce pour cette raison que Jésus nous demande de redevenir comme des petits enfants qui ne se soucient ni de la descente d’avant, ni de celle d’après. La vie est comme une descente de luge avec le Christ à nos côtés. Il n’est pas aux commandes et la descente n’est jamais parfaite. Mais il nous encourage quand on en réussit une belle ; il nous projette vers l’avant quand nous prenons une gamelle. Mais toujours le Christ reste à nos côtés pour que nous redevenions peu à peu des enfants qui sourient sous le regard du Père…
Alors n’oubliez pas la prochaine fois que vous dévalerez une belle pente. Le Christ est avec vous. Le chrétien ne fait jamais de luge monoplace !