La Ganapati Upanishad est très représentative de l’hindouïsme dit smârta – de smriti, «tradition, transmission». Élaborés dans des milieux de brahmanes orthodoxes, qui entendent maintenir la vitalité des rites domestiques, les traités smârta, se répartissent entre cinq divinités : Vishnu, Shiva, Durgâ (la déesse shivaïte), Sûrya (le Soleil) et Ganesha.
Le dieu au gros ventre et à tête d’éléphant est extrêmement populaire. Connu dès l’époque védique sous le nom de Ganapati, le «Seigneur des Gana» (littéralement «des catégories», désignant ici probablement des divinités inférieures), il sera ensuite donné comme l’auteur du Mahâbhârata, le poète Vyâsa n’ayant fait que copier l’épopée sous la dictée divine. Patron des lettres et de l’enseignement, il est le dieu des commencements, celui qui lève les obstacles; on l’invoque toujours au début d’un ouvrage, on place son effigie au seuil des maisons et des temples, ou sur les carrefours. Intégré au cycle de la mythologie shivaïte, il est le fis que la déesse a fabriqué toute seule et que le dieu jaloux a décapité puis remembré avec une tête d’éléphant.
1. Om! Hommage à toi, Ganapati!
En vérité, tu es [la formule upanishadique :] «Cela tu l’es, Shvetaketu!»
rendue sensible aux yeux!
Nul autre que toi n’es le Créateur!
Nul autre que toi n’es le Protecteur!
Nul autre que toi n’es le Destructeur!
Tu es [la formule upanishadique :] «tout ici-bas est brahman!»
et, de façon perceptible [à nos sens], tu es [aussi] l’âtman, éternellement!
2. [Disant cela de toi, Ganapati,] je dis l’Ordre! Je dis la Vérité!
3. Protège-moi!
Protège [le maître] qui parle,
[l’élève] qui écoute
protège [le maître] qui donne, qui impartit [l’enseignement]
et protège l’élève qui répète!
Protège-moi, [Ganapati, des dangers qui surviennent]
de par-derrière [de ceux qui surviennent] de par-devant,
et de par la gauche, et de par la droite, et de par en haut, et de par en bas!
Oui, protège-moi, partout [et toujours, de tous les dangers] d’où qu’ils viennent!
_______________________________________
Ganapati Upanishad I et II dans Ganapati Upanishad, trad. fr. J. Varenne, Paris, A. Maisonneuve, 1965, p. 9-10.