Le 22 février 2015
L’Évangile continue de m’étonner après tant d’années de fréquentation. De m’étonner et de m’agacer… Parmi les choses qui me dérangent : la justice à la manière Jésus.
Ma définition de la justice est simple : rendre à chacun ce qui lui est dû. C’est justice que l’ouvrier reçoive le salaire équitable pour le travail qu’il a accompli. C’est justice que je répare la gaffe que j’ai faite. C’est justice que le voleur rende l’argent qu’il a pris. Bref, que chacun ait ce qu’il a le droit de posséder et que tous soient égaux.
L’Évangile tient un discours différent. Jésus ne demande pas aux gens de réparer leurs erreurs. Il dira, bien sûr, à certains : «Désormais, ne pèche plus!» Mais il n’insiste pas pour que le pécheur regrette sa faute. Il ne fait pas promettre de mener une bonne vie. Il n’exige rien. Il aime et il semble compter sur son amour pour transformer le malade. Il pardonne au risque même qu’on abuse de lui. Et nous donne l’impression qu’il est un beau naïf!
Devant la foi de ceux qui portent le malade devant lui, Jésus dit au paralysé : «Mon fils, tes péchés sont pardonnés.» La justice de Jésus, c’est de la pure miséricorde!
Et c’est tant mieux. Si Jésus appliquait une justice à notre manière, nous ne pourrions nous en sortir. Nous ne pourrions jamais poser un geste assez grand pour déraciner en nous le péché. Nous ne serions jamais assez forts pour nous débarrasser tout seuls des germes de mort qui poussent dans notre vie. Nous ne méritons pas le pardon de Dieu, il nous est donné en toute gratuité.
On entend souvent dire qu’il n’existe plus de péché. Cette affirmation constitue une de nos plus grosses erreurs. Il n’y a rien de plus paralysant qu’une telle attitude. Elle nous empêche de marcher vers Jésus et de faire l’expérience de nous laisser aimer par lui, de nous laisser pardonner par lui.
Les gestes et les attitudes de Jésus devant le pécheur reflètent les propos du prophète Isaïe qui dit à peu près ceci : Par tes péchés, tu m’as traité comme un esclave, tu t’es servi de moi. Au lieu de me voir comme un ami, tu m’as considéré comme un objet. Mais moi je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même, pas à cause de toi-même, pas à cause de ce que tu pourrais faire pour réparer tes égarements. À cause de moi-même, de ce que je suis, à cause de mon amour qui est bien plus grand que tout ce que tu peux faire. À cause de moi-même, je ne veux plus me souvenir de tes péchés.