Au début de février, des villes et des villages du Québec prennent des allures de fête. C’est le carnaval : parades, monuments de neige, palais de glace, glissades, compétitions sportives, rencontres de famille, etc. Toutes ces activités nous font sortir de la banalité du quotidien hivernal. Elles nous font goûter aux plaisirs de la saison. Nous entrons au royaume de la joie et du rêve. Une pause au milieu de l’hiver. Un temps pour admirer les beautés que la ville ou la campagne nous propose. Un temps de retrouvailles, un temps pour nous voisiner. Un temps pour apprivoiser une saison que plusieurs dédaignent. Bref, c’est un temps pour la fête.
Mais… car il y a un mais… Le monde ne nous présente pas un paysage aussi idyllique. Au contraire. Les actes violents des bandits comme les actions terroristes, la crise économique comme les problèmes sociaux n’entonnent pas des chansons très réjouissantes.
Cependant, nous avons le droit de fêter, et même il est de notre devoir de fêter… Non pour fuir la réalité, mais plutôt pour mieux la regarder et peut-être trouver des moyens d’y faire face. La fête de la neige n’est pas là pour nous faire oublier le monde et ses misères. Les activités carnavalesques nous invitent à nous libérer de nos peurs. Nous prenons une distance de notre quotidien en espérant le retrouver sous un jour différent. La gratuité peut nous rendre attentifs les uns aux autres. Les jeux de la fête peuvent nous aider à accueillir les autres avec leurs différences. La visite de gens venus d’ailleurs nous met en contact avec d’autres cultures, d’autres idées, d’autres habitudes. À l’hôtel ou au restaurant, dans un tour guidé, dans un musée ou une église, nous tissons des liens. Nous suscitons la fraternité. Et par la même occasion, nous construisons la paix. En accueillant l’étranger ou l’étrangère, en recevant des touristes, nous nous ouvrons à l’univers. Avec nos humbles moyens, nous participons à la construction d’un monde de paix et de justice. À travers la fête, nous disons qu’il est possible de nous parler. Partageant la même planète, nous pouvons arriver à nous entendre et à nous aimer avec nos différences, au-delà de nos conflits et de nos divisions. Dans la fête, nous affirmons que l’avenir est possible pour la terre, pour l’univers.
Une fête comme le carnaval peut participer à la construction d’une terre plus humaine si nous savons accueillir avec le même empressement et le même respect l’itinérant et le voyageur, les gens heureux et les blessés de la vie, les riches et les pauvres. Au fond, quelle que soit notre condition sociale, notre fortune, nous sommes tous et toutes des « quêteux ». Nous portons tous au fond de nous-mêmes une pauvreté qui cherche une richesse. Nous avons inscrite au fond du cœur une quête de bonheur. Nous cherchons la paix, la fraternité, la solidarité. En définitive, nous cherchons la fête qui jamais ne s’arrêtera. Dans notre quartier, les gens qui s’occupent des démunis sont des prophètes envoyés par Dieu. Ils sont un enseignement qui prolonge celui du Christ. Ils nous apprennent à voir le visage de Dieu en toute personne croisée sur notre chemin. Que nous servions la soupe à un itinérant ou un repas copieux dans un restaurant du quartier, nous accueillons le Christ. Lui-même n’a-t-il pas enseigné à servir l’autre comme un frère, comme une sœur?