Spiritualité 2000 met à votre disposition 22 années d’archives, soit près de cinq mille articles. Un grand merci à tous nos artisans qui ont su rendre possible cette aventure ayant rejoint des millions d’internautes.

Le rosaire dans la ville,

Responsable de la chronique : Thomas-Marie Gillet, o.p.
Le rosaire dans la ville

La Nativité : Sermon pour Noël

Imprimer Par Jean Tauler

la-nativite-de-Gerrit-Van-Honthorst

Nous célébrons durant les premiers jours de l’année le mystère de l’Incarnation. Méditons avec Marie ce mystère joyeux du Rosaire et faisons en sorte, à son exemple, d’enfanter le Verbe de Dieu, de mettre au monde l’autre Christ que nous sommes appelés à devenir, de faire advenir en nous un être nouveau, libéré du mal et du péché, un être à l’image de l’Emmanuel, Dieu parmi nous. Dans l’extrait du sermon de Noël qui suit le dominicain Jean Tauler (1300-1361), maître spirituel formant avec Maître Eckhart et le bienheureux Henri Suso le groupe des Mystiques Rhénans, nous parle précisément de cette naissance.

« « Un enfant nous est né, un Fils nous est donné » (Is. 9,5). Ce texte nous fait penser à la tout aimable naissance qui, tous les jours et à chaque instant, doit se réaliser et se réalise en chaque âme bonne et sainte, si elle veut bien y donner une amoureuse attention. Dans cette naissance, Dieu nous devient tellement nôtre, il se donne à nous en telle propriété, que personne n’a jamais eu une si intime possession. Il est nôtre, cet enfant, tout à fait nôtre, nôtre plus que tout autre bien. Il naît à chaque instant et sans cesse en nous. C’est de cette naissance que nous voulons parler.

Si, comme une mère, l’homme veut concevoir en lui le Verbe d’une façon spirituelle, il doit rentrer en lui-même par le recueillement, et puis en sortir. Mais comment ? Il nous faut nous recueillir fortement, ramener et rassembler intérieurement toutes nos facultés, et les rappeler de toute dispersion à la concentration, qui rend plus puissantes toutes les choses unifiées. Si un tireur veut atteindre sûrement son but, il ferme un œil, pour que l’autre vise plus juste. Celui qui veut comprendre une chose à fond y emploie tous ses sens et les ramène en ce centre de l’âme d’où ils sont sortis. De même que tous les rameaux viennent du tronc de l’arbre, ainsi toutes nos facultés, celles de la sensibilité, celles de désir aussi bien que celles de l’action, sont unies aux facultés supérieures dans le fond de l’âme. Voilà l’entrée en nous-mêmes.

Si nous voulons maintenant sortir de nous, bien plus, si nous voulons nous élever en dehors et au-dessus de nous-mêmes, nous devons alors renoncer à tout vouloir, désir et agir propres. Il ne doit rester en nous qu’une simple et pure recherche de Dieu sans désirer d’avoir quelque chose en propre, et en quelque manière que ce soit. Sans aucun désir d’être, de devenir ou d’obtenir quelque chose qui nous soit propre, n’ayons que la seule volonté d’être à Dieu, de lui faire place de la façon la plus élevée, la plus intime, pour qu’il puisse accomplir son œuvre et naître en nous, sans que nous y mettions obstacle. En effet, pour que deux êtres puissent n’en faire qu’un, il faut que l’un se comporte comme patient et l’autre comme agent : pour que l’œil puisse percevoir les images qui sont sur ce mur, ou tout autre objet, il doit n’avoir en lui aucune autre image. N’eût-il même qu’une image d’une couleur quelconque, jamais il ne pourrait en percevoir d’autre, de même l’oreille qui est pleine d’un bruit ne peut en percevoir un autre. Ainsi donc si l’on veut recevoir, il faut être pur, net et vide.

C’est pourquoi saint Augustin nous dit : « Vide-toi pour pouvoir être rempli ; sors afin de pouvoir entrer » ; et ailleurs : « Ô toi, âme noble, noble créature, pourquoi cherches-tu en dehors de toi ce qui est en toi, tout entier de la façon la plus vraie et la plus manifeste ? Et puisque tu participes à la nature divine, que t’importent les créatures et qu’as-tu donc à faire avec elles ? » Si l’homme prépare ainsi la place au fond de lui-même, Dieu, sans aucun doute, la remplira tout entier ; sinon le Ciel même s’engouffrerait dans le vide, car Dieu ne peut laisser la moindre chose vide, c’est contraire à sa justice. Ainsi, fais silence, et le Verbe de cette naissance en toi sera prononcé et tu pourras l’entendre ; mais si tu parlais, il se tairait ! Ainsi, c’est en écoutant et en se taisant que l’on va au-devant du Verbe. Sors de toi-même, et il entrera. Plus tu sors, plus il entre, ni plus ni moins. »

C’est pourquoi saint Augustin nous dit : “Vide-toi pour pouvoir être rempli ; sors afin de pouvoir entrer” ; et ailleurs : “Ô toi, âme noble, noble créature, pourquoi cherches-tu en dehors de toi ce qui est en toi, tout entier de la façon la plus vraie et la plus manifeste ? Et puisque tu participes à la nature divine, que t’importent les créatures et qu’as-tu donc à faire avec elles ?” Si l’homme prépare ainsi la place au fond de lui-même, Dieu, sans aucun doute, la remplira tout entier ; sinon le Ciel même s’engouffrerait dans le vide, car Dieu ne peut laisser la moindre chose vide, c’est contraire à sa justice.
Ainsi, fais silence, et le Verbe de cette naissance en toi sera prononcé et tu pourras l’entendre ; mais si tu parlais, il se tairait ! Ainsi, c’est en écoutant et en se taisant que l’on va au-devant du Verbe. Sors de toi-même, et il entrera. Plus tu sors, plus il entre, ni plus ni moins.

3 thoughts on “La Nativité : Sermon pour Noël

  1. Flahaux Jean-Pierre

    Bonjour, J’aimerais connaître les références de l’œuvre reproduite en illustration de votre article “La Nativité : Sermon pour Noël”. (artiste, année et propriétaire actuel du tableau). Je vous en remercie.

Comments are closed.

Le rosaire dans la ville

Les autres thèmes