Une prière liée à la mort : l’accueil réservé aux pratiquants du nenbutsu (invocation)
Dans cet hymne, le moine japonais Genshin (942-1017) décrit l’accueil des pratiquants du nenbutsu, invocation, faire avec une confiance totale, du nom du bouddha Amida. L’espérance qu’inspire cette scène exerce une très grande influence sur la prière de millions de bouddhistes japonais qui aspirent à renaître dans la Terre Pure de ce Bouddha si plein de compassion.
La lumière qui les enveloppe tous sans en rejeter aucun
illumine l’endroit d’où vient le nenbutsu;
Kannon et Seishi descendent accueillir celui qui est à la source de cette prière. (…)
Le moment venu, Kannon,
le Bodhisattva de grande compassion,
s’avance peu à peu;
son corps d’or violâtre incliné en un geste d’accueil,
il s’approche, offrant un socle de lotus.
Ensuite, le Grand Bodhisattva Seishi s’émerveille
avec toute la Sainte Assemblée;
tandis qu’il tend la main de grande méditation et sagesse
pour caresser la tête du pratiquant.
Enfin, il le guide et le fait monter sur le socle de lotus en or;
à ce moment même, il est séparé à jamais
de son pays natal, ce monde où l’on continue sans fin
à naître et à mourir dans le cycle des naissances et des morts.
Une fois monté sur le socle de lotus en or,
il suit le Bouddha;
en l’espace d’un instant
il renaît dans la Terre pure des bienheureux.
Celui qui autrefois avait à peine entendu parler
du mérite de la Grande Miséricorde,
reçoit maintenant de son plein gré
les conseils salvifiques d’Amida lui-même.
Cette Terre pure d’Amida est un endroit
de bonheur sans régression;
et comme la durée de la vie y est incalculable,
son plaisir n’en est jamais épuisé. (…)
Que [le Bouddha] Amida et Kannon, dans leur compassion
pensent au vœu du pratiquant;
et que, selon les Vœux de Grande Miséricorde
ils descendent le chercher pour l’amener à la Terre pure.
Que les mérites soient accordés universellement
aux êtres vivants;
et que ceux-ci ouvrent leurs cœurs
et renaissent au paradis.
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«Raigô wasan» du moine Genshin,
dans Religions, croyances et traditions populaires du Japon,
sous la direction de Hartmut O. Rotermund,
Maisonneuve et Larose, 2000, p. 262-264.