La foi demande du courage. Elle exige de prendre des risques.
Voici quelques exemples. Jésus a donné la première place aux personnes. Celles-ci doivent rester aux premiers rangs dans notre vie. Si, en défendant un faible, je risque de perdre sur mon capital social, je dois accepter ce risque. Ma foi l’exige.
Entre le confort que je pourrais m’offrir avec des économies et l’aide à apporter à un pauvre, je dois choisir d’aider le pauvre. Ma foi l’exige.
Devant une injustice, je ne peux me permettre de me taire. Le silence serait une démission pour ma foi.
La foi peut même m’amener à abandonner un travail et à me retrouver sur le chômage parce que ce travail m’oblige à des gestes contraires à l’Évangile.
Pour ne pas compromettre l’amour qui me lie à ma conjointe ou à mon conjoint, je peux être amené à refuser une promotion. Je peux être conduit à vivre dans un confort moins moelleux pour permettre à des enfants de naître, d’apporter leur contribution dans l’édification de la société et d’avoir le bonheur de connaître Dieu.
Dans le choix de mes études ou le choix d’une carrière, je peux devoir faire passer le service des autres, ma part à jouer dans la construction d’un monde plus fraternel, avant mon compte en banque et mes avantages sociaux.
C’est exigeant la foi. Et il ne faut pas se surprendre qu’il y ait tellement de croyants et de croyantes qui renferment leur foi dans l’église, dans leur célébration dominicale, dans la prière cachée, et qui n’osent jamais interroger leurs engagements personnels, leurs pratiques sociales, encore moins les options de la société où ils vivent. Et il ne faut pas se surprendre, à certains jours, de nous retrouver nous-mêmes en train de mettre notre foi entre parenthèses, en train de l’enfouir dans la terre et, de cette façon, de l’étouffer totalement. Notre foi peut grandir, elle peut donner du fruit, produire des intérêts dans la mesure où nous la risquons sur la place publique. C’est dangereux. Nous pourrions nous perdre et ne plus jamais connaître de confort. Mais l’appel du Seigneur est sérieux jusque-là. C’est celui qui accepte de perdre sa vie qui la gagne. C’est celle qui accepte d’investir sa vie dans la promotion de l’Évangile qui réussit à lui faire produire des intérêts.
Saint Paul ne disait-il pas à son ami Timothée : «Je te rappelle que tu dois réveiller en toi le don de Dieu, que tu as reçu quand je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de bon sens… Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle.»
Et Abraham qui partit sans savoir où il aboutirait a accepté ce déracinement radical, n’ayant pour toute garantie que sa foi. Aucune preuve bien raisonnée, bien tangible, uniquement sa foi.
Et Marie devant l’ange Gabriel qui abandonne sa vie dans un projet mystérieux. Dépourvue de toute prudence raisonnable, elle dit : «Oui, je suis la servante.»
Et Jésus à travers qui Dieu se risque lui-même dans l’humanité jusqu’à la mort. À la merci de notre liberté, à la merci de nos accueils et de nos refus.
La foi demande toujours de l’audace. Elle exige le courage des risques.