Glorieuse, la Croix ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,13-17.
Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
COMMENTAIRE
Comment est-il possible de trouver la gloire dans la croix?
Toute croix n’est-elle pas torture, souffrance et perte?
La croix, on ne saurait jamais la vouloir, la choisir.
On ne peut faire autrement que la subir, à défaut de pouvoir l’éviter ou la détruire.
La croix n’est-elle pas une valeur négative? Comme un mal de dent? Comme un deuil immense? Comme l’épreuve de la maladie, de l’échec, de l’erreur fatale? Comme un mal dévastateur? Ainsi en est-il de la croix!
Des croix à porter, il y en a chaque jour dans nos vies. Et ce ne sont pas de petites croix mignonnes, inoffensives, qui seraient là pour la forme, pour le charme. Toutes les croix sont cruelles, lourdes et dangereuses. Elles ont la tête dure et la raideur de la mort.
Qui nous fera signe qu’un jour c’en sera fini avec nos croix? Se pourrait-il qu’un jour nous soyons libérés de toutes ces croix qui s’accrochent à nous, alourdissent nos pas et brisent la cadence et le rythme de nos vies?
Il a fallu que ce fût une certaine mort, survenue un jour sur la croix, qui nous montre, une fois pour toutes, un chemin de vie passant par la croix. Et ce fut la mort du Christ en croix. Sa mort elle-même résorbée dans la vie de Pâques.
C’est cela que nous apprenons, de la plus triviale façon. Clouer le Christ à la croix mortifère, c’était lui briser le corps. Il fallait pour cela écarteler ses membres, les tordre, les fixer totalement sur le bois rude et résistant. Ainsi rivé à cette croix, il ne nous restait plus qu’à l’élever entre ciel et terre. Pour que tous puissent le voir dans sa nudité. Pour que cette suspension l’épuise et l’asphyxie totalement. Et lui s’est laissé faire, s’est laissé achever par notre haine et notre mort. Qui pouvait le délivrer? Mon Dieu, mon Dieu, aurais-tu abandonné celui qui nous a vraiment tout donné de lui-même?
Christ en croix, tu es là pourtant digne objet de notre vénération. Pour nous avoir tellement aimés, jusqu’à nous donner tout de toi. Nous pouvons nous tourner vers toi pour accueillir le fruit de ton immense amour, dont ta croix nous montre si généreusement – si glorieusement – la source et la pleine mesure.
Faisons donc bonne et belle place à la croix en l’acceptant par amour comme chance d’une vie donnée, comme valeur de vie offerte, jusqu’à mourir d’amour : voilà le secret de la Croix glorieuse!
Croix désormais victorieuse par où nos morts et nos souffrances prennent du sens et nous acheminent vers la vie, dans l’espérance certaine de la gloire du Ressuscité.