Nous traversons un été chaud. Le temps est chaud. Mais surtout l’actualité est fiévreuse. Dans l’ensemble de la planète, des événements dramatiques retiennent notre attention. L’état islamique fait des ravages en Iraq, en Syrie. Dans certaines régions du monde, des chrétiens et des chrétiennes sont persécutés ou réduits à l’exil. Des djihadistes assassinent des journalistes. Ils tranchent des têtes sans aucun respect pour la vie humaine. Israël et Gaza se sont affrontés, tuant des milliers d’enfants, des civils innocents. L’Ukraine est menacée par la présence des forces russes. Malgré la pause estivale de la Commission Charbonneau, les trompettes de la malhonnêteté et de l’injustice n’ont cessé de résonner tout l’été. Et que dire de l’épidémie d’Ébola…
La terre est malade. Elle a besoin de bons médecins pour juguler l’hémorragie. Les chrétiens et les chrétiennes pourraient jouer un rôle important en ces temps difficiles. Jésus propose une bonne nouvelle dont le cœur est l’amour. Non seulement le respect, mais l’amour, l’acceptation inconditionnelle des autres. Un amour qui s’étend même jusqu’aux ennemis.
Malheureusement, les disciples du Christ, si attachés qu’ils soient à l’Évangile et à son grand commandement, n’en demeurent pas moins des êtres fragiles. Fragiles dans leurs comportements, fragiles dans leur foi. Eux aussi se laissent charmer par la haine. Non seulement ils se durcissent contre les non chrétiens. Mais aussi ils développent des antipathies entre eux. Ils blessent le Corps du Christ, l’Église, la communauté des baptisés.
Nous sommes tous responsables de ces frères chrétiens et de ces sœurs chrétiennes qui défigurent le Christ par leur contre-témoignage. Nous devons porter assistance à personne en danger au sein même de notre Église. Responsabilité communautaire, responsabilité personnelle aussi. Nous avons un rôle à jouer personnellement.
Jésus propose une thérapie, un itinéraire de correction fraternelle que nous sommes appelés à mettre en œuvre. Dans le respect des personnes. Le pécheur est un frère qui a besoin de guérison. Qu’il en soit conscient ou non. Et seul l’amour peut, dans son cheminement, le conduire à la réconciliation.
Toute démarche de correction fraternelle doit s’inspirer de l’attitude de Dieu à notre endroit. À notre égard, Dieu est plein de miséricorde; à l’égard de notre frère en difficulté, nous devons nous montrer miséricordieux. Devant la paille au coin de l’œil de notre frère ou de notre sœur, nous ne devons pas oublier la poutre qui aveugle nos propres yeux.
Donc, en premier lieu, une rencontre personnelle. Seul à seul. Si cela ne suffit pas, deux ou trois personnes. En dernière instance, la communauté chrétienne. La démarche est progressive. Elle donne au récalcitrant le temps d’apprivoiser l’appel qui lui est lancé.
Si finalement, le pécheur persévère dans son refus de se convertir, Jésus dit: « Considère-le comme un païen et un publicain». À première vue, c’est le rejet, l’exclusion, l’excommunication. N’allons pas aussi loin. Jésus lui-même n’a pas été dur à l’endroit des païens. Il a accueilli le centurion romain, la cananéenne. Il a pris place à la table des publicains. Il voyait dans ces gens des enfants de Dieu. C’est pour eux aussi qu’il est mort sur la croix.
Le païen ou le publicain ont encore une place dans la communauté. Ils peuvent faire partie de la prière des chrétiens. « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom…» Une prière où, devant notre impuissance, nous nous en remettons à Dieu qui peut tout, même convertir le plus récalcitrant.
Quant à nous, nous poursuivons la démarche, ou plutôt nous la reprenons à zéro. Nous ouvrons l’Évangile et nous l’annonçons de nouveau. Comme si notre ancienne sœur devenue païenne, notre ancien frère devenu publicain n’avaient jamais reçu la bonne nouvelle. Ainsi va la patience de Dieu; ainsi va notre volonté de sauver un frère, une sœur.