Je n’ai pas connu mon beau-père. Tout ce que j’en sais, c’est ce que m’en ont dit ma belle-mère et mon mari. Je me souviens que ma belle-mère me disait que c’était une chance pour eux que de partager la foi. Ils pouvaient lire parfois les mêmes livres et échanger ensemble sur l’œuvre, ou encore lire chacun des ouvrages différents et partager ce qui les a nourri de la lecture.
C’est une chance que de partager nos impressions de lecture, car c’est un peu comme si on accroissait par deux la quantité de savoir, à la condition de partager nos impressions par la suite. Et comme je suis mariée à un grand lecteur, je peux lire à mon rythme et grâce à lui, j’ai l’impression de voyager dans une multitude de bouquins supplémentaire!
Le partage d’idées, de connaissances a la saveur de Dieu car il relève des activités de l’esprit ! Partager ce qui nous nourrit permet d’approfondir ensemble nos pensées et ne pas perdre le contact avec l’autre.
Il arrive que des couples ne se reconnaissent plus après vingt ans de mariage car l’autre a tellement changé ! Parfois, chacun s’est éloigné et a pris un chemin différent sans se donner de retour l’un à l’autre. Une amie à moi disait qu’elle parlait surtout à ses amies et jamais à son mari…
Or, c’est dans cet échange régulier de nos pensées que nous ne perdons pas le fil qui nous relie. En échangeant, nous confrontons aussi nos idées sur des sujets et apprenons à mieux nous connaître. Mais au final, surtout, c’est qu’à force d’échanger ensemble, si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous trouvons toujours ce qui nous unit et développons ensemble nos idées communes sur lesquelles s’appuyer.
Mon mari et moi venons de finir la lecture d’un livre à tour de rôle : La petite fille au manteau rouge de Roma Ligocka. L’autobiographie raconte le parcours d’une femme qui a connu les ghettos en Pologne, a traversé ensuite le siècle à travers une série d’épreuves dans sa vie qui fut riche mais parfois bien souffrante.
Cette lecture nous a rejoint tous les deux sur certains passages quand on pense qu’il a dû falloir bien du courage à l’auteur afin de traverser certains passages difficiles de la vie, notamment quand jeune mariée, vivant dans la pauvreté, elle et son mari oublient sur le quai d’une gare toutes les économies qu’ils avaient afin de tenter de s’en sortir, alors qu’ils sont affamés. Nous avons relu ce passage ensemble et nous sommes dits qu’à côté nos soucis étaient peu de choses et que nous pouvions à notre tour affronter les tuiles qui nous arrivent !
Relativiser ensemble, prendre plaisir à discuter, s’enrichir mutuellement n’est-ce pas déjà le début du paradis au cœur de notre petite église domestique ?