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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
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Une porte unique

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Dans un décor champêtre, des brebis vont et viennent librement sous la protection d’un berger plein de sollicitude pour chacune d’entre elles. Dans ses paraboles de brebis et de berger, Jésus crée une atmosphère de paradis terrestre.

Derrière cette fascinante harmonie se cache pourtant un drame que laisse soupçonner l’évocation du voleur ou du brigand.

Le contexte de la parabole de la porte de la bergerie est plus explicite. Au cours de la fête des Tentes, Jésus prend la parole. Il s’attribue le nom réservé à Dieu : «Je suis» (Jean 8, 58). Il n’en faut pas plus  pour susciter la controverse. Les uns abandonnent ce blasphémateur. D’autres complotent pour le faire disparaître. La polémique atteint son sommet dans la guérison de l’aveugle-né (Jean 9).

Cette atmosphère d’opposition assombrit la scène évangélique. La croix fait déjà partie du décor. Nous ne pouvons pas l’ignorer. Au contraire, elle constitue la clé qui dénoue la parabole et en révèle le sens.

Les images s’entremêlent pour dévoiler la mission de Jésus et son identité. Jésus commence par différencier le berger du voleur et de l’étranger. Le pasteur entre par la porte. Le portier le reconnaît et le laisse entrer. Les brebis aussi le reconnaissent. Elles écoutent sa voix. Elles s’entendent appeler par leur nom. Il existe une grande familiarité entre le berger et son troupeau. La chaleur de l`amour crée un climat de confiance. On n’hésite pas à suivre un tel pasteur. Il en est tout autrement  du voleur qui entre par effraction et de l’étranger qui ne se fait pas écouter.

Derrière les images du berger et du voleur, les auditeurs de Jésus pouvaient mettre des noms, pointer du doigt les véritables guides du peuple d’Israël. Mais l’évangile dit qu’on ne saisissait pas toute la portée du discours de Jésus. Plus loin, Jésus se présentera lui-même comme le berger, l’unique pasteur d’Israël, le nouveau Moïse à la tête du peuple pour le conduire vers les pâturages et vers la liberté. Un berger si attaché à son troupeau qu’il ne craindra pas de se dessaisir de sa vie pour les siens.

Jésus affirme qu’il est «la porte des brebis» (8, 7). Au début, on parlait de la porte de la bergerie. Ici, on dit qu’il est porte pour les brebis. Ce n’est plus un lieu fixe, c’est une personne, quelqu’un de vivant, avec qui on crée les liens de l’affection, avec qui peut se tisser la liberté, de qui on reçoit le salut. On n’arrache pas le salut comme prétend le voleur. On n’escalade pas la vie pour arriver au salut comme s’imagine le brigand. On se présente devant la porte qui est le Christ. Lui et lui seul en permet l’accès.

Les croyants se sentent interpelés par cette page d’Évangile. La parabole rappelle les propos d’Ézékiel (31, 1-31) : je ne suis pas pasteur pour moi-même et je ne saurai l’être si je n’aime pas ceux et celles qui me sont confiés, ma famille, les gens pour qui je travaille, mes compatriotes, le monde entier.

La parabole va plus loin. Elle dit qu’en fait, il n’existe qu’un seul et unique berger, derrière lequel doivent s’effacer tous les autres. Nous sommes invités à écouter sa voix, nous asseoir à ses pieds pour accueillir sa parole, comme Marie, la sœur de Marthe. Nous sommes entraînés dans son mystère. La porte est étroite. Les chameaux et les riches ne peuvent en franchir le seuil. Un chemin rocailleux conduit à cette bergerie. Mais n’introduit-elle pas aux pâturages de la liberté et de la joie?

 

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