En France, les abbés Odon, Mayeul, Odilon Hugues et Pierre le Vénérable rendent célèbre le nom de Cluny dans tout l’Occident.
En 909 le duc d’Aquitaine avait fait don à l’abbé de Baume, Bernon, de la localité de Cluny, pour qu’il y fondât un monastère dédié aux saints Pierre et Paul. C’est ainsi qu’il commençait l’une des plus remarquables aventure du monachisme occidental.
Odon, qui avait pris part à la fondation de la nouvelle abbaye, en fut le premier grand maître. Il donna à la vie clunisienne ce mélange savant de grandeur et d’humilité qui en marquera l’histoire au long des siècles.
Odon proposa le retour à I’idéal de l’Église primitive par le partage des biens, la vie commune, l’assiduité à la prière, et en même temps il voulut aussi que l’architecture et la liturgie fussent des signes tangibles de la Jérusalem céleste à laquelle les moines aspirent de tout leur être.
Les abbés de Cluny surent discerner les voies qui mènent à Dieu en tout ce qui apparaît beau et bon dans la réalité créée, unissant culture et vie spirituelle pour répandre la bonté et la paix et pour témoigner de la miséricorde et de la beauté du Seigneur.
À Odon (927-942) succéda une série impressionnante d’abbés de grande envergure, qui maintinrent au moins durant deux siècles l’abbaye de Cluny au sommet de la vie spirituelle: Mayeul (948-994) Odilon (994-1048), Hugues (91049-1109) et enfin Pierre le Vénérable (1122-1156).
En Pierre le Vénérable, d’une vaste et sereine humanité, intelligent et cultivé, alliant la force à la douceur, les caractéristiques les plus belles de la spiritualité clunisienne trouvèrent sans doute leur expression la plus authentique. Il rechercha toujours la charité intelligente et prudente, la discretiva caritas, l’humble charité qui seule peut établir la vie fraternelle à l’intérieur de l’Église et ouvrir le cœur de tous au dialogue et à la communion.
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Texte de Pierre le Vénérable dans les Constitutions de Baume
Le jour où je mourrai, le prieur de Baume quel qu’il soit, offrira à tous ses frères, au réfectoire ou à l’infirmerie le menu des grands jours et des solennités majeures, c’est-à-dire du bon pain, des fèves, de l’excellent vin, des poissons délicieux de fort grande taille. Quant aux malades, si ce n’est pas un jour de très grande abstinence, il leur sera servi une superbe portion de viande. Le même jour, on offrira à cent pauvres, du pain, du vin et de la viande ou, si c’est un jour d’abstinence officielle, on les rassasiera d’aliments qu’il est possible de manger ce jour-là. Et tout cela, par grâce de Dieu, on le fera toujours le jour anniversaire de ma mort. Tant que je serai en vie, ces repas spéciaux sans aucune restriction aux frères et aux pauvres, le 9 des calendes de novembre, vigile de la consécration de notre Église majeure.
Témoins de Dieu, Martyrologe universel, Bayard pp. 283-284