Le pape François possédait une moto, une Harley-Davidson. Rien de moins. Il l’avait reçue en cadeau lors d’un rassemblement de motards, place Saint-Pierre, le 16 juin dernier. Le précieux «bolide» sera vendu aux enchères au profit des pauvres de Rome. L’argent récolté dans cette vente permettra d’améliorer le service d’accueil et la cantine «Don Luigi Di Liegro» que fréquentent au moins mille personnes par jour, à la gare Termini. Les cadeaux offerts au pape ne vont donc pas tous dans les musées ou les entrepôts du Vatican.
Le présent geste est modeste. Cependant il fait partie d’une liste de plus en plus longue des surprises de François. Bien sûr, l’évêque de Rome ne tombera pas dans la misère en donnant sa Harley-Davidson. Mais son don attire notre attention sur la situation de la misère dans les rues de Rome et ailleurs dans le monde.
Le geste du pape coïncide avec deux journées thématiques : la Journée mondiale de l’alimentation (le 16 octobre) et la Journée mondiale du refus de la misère (le 17 octobre). À cette occasion, François a adressé un message au directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Dans ce message, le pape souhaite qu’on établisse des systèmes alimentaires durables au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition». Il signale «la condition tragique dans laquelle vivent encore des millions de personnes affamées et mal nourries, parmi lesquelles de très nombreux enfants».
«Faim et malnutrition ne peuvent jamais être considérées comme un fait normal auquel s’habituer… Elles sont un problème qui interpelle la conscience personnelle et sociale.» Il faut «changer quelque chose en soi-même, dans les mentalités, dans les sociétés. Que «personne ne soit forcé de quitter sa terre et son environnement culturel par manque de moyens de subsistance». Nous devons «repenser et renouveler les systèmes alimentaires, dans une perspective solidaire, en dépassant la logique de l’exploitation sauvage du créé et en orientant mieux l’engagement de cultiver et protéger l’environnement et ses ressources pour garantir la sécurité alimentaire et se diriger vers une nutrition suffisante et saine pour tous.»
De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lance un message de solidarité à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère : «Trop de gens, surtout des femmes et des filles, continuent de se voir refuser l’accès à des soins de santé et à des services d’assainissement adéquats, à une éducation de qualité et à un logement décent. Trop de jeunes n’ont pas d’emploi et n’ont pas non plus les compétences qu’exige le marché.»
Et le secrétaire général des Nations Unies de nous inviter à «redoubler d’efforts pour écouter ceux dont on n’entend souvent pas la voix, et pour agir en leur faveur – ceux qui vivent dans la pauvreté, et parmi eux en particulier les autochtones, les personnes âgées, les handicapés, les chômeurs, les migrants et les minorités». Que nos engagements permettent d’«édifier un monde durable de prospérité et de paix, de justice et d’équité – et une vie de dignité pour tous».