La providence a donné à saint Joseph, vis-à-vis de l’Église, Corps Mystique du Christ, le même rôle qu’elle lui avait donné auprès de la personne de Jésus, dans la sainte Famille : saint Joseph a été le gardien et le défenseur de la sainte Famille ; il est de même le gardien et le défenseur de l’Église universelle.
Saint Joseph a vécu, intime de Jésus : il doit nous rapprocher de Jésus dans l’intimité du sacrement de son amour. Saint Joseph a gardé, adoré Jésus de longues années avant que le Christ ne se fasse connaître : il est donc très spécialement le modèle de ceux qui doivent garder, adorer Jésus, au milieu des infidèles qui ne le connaissent pas encore.
Saint Joseph est le patron de la vie cachée, du silence. Alors que Jésus est révélé aux apôtres pour qu’ils Le manifestent, Jésus est révélé à Joseph pour qu’il Le taise, pour qu’il Le cache. Jésus, entre les mains de Joseph, est une parole cachée.
Entre ces deux vocations, celle des apôtres et celle de Joseph, il y a cependant une unité : c’est l’obéissance. La gloire, pour les chrétiens, n’est pas d’accomplir des faits éclatants, mais de faire ce que Dieu veut. Cette vie terrestre est un temps d’humilité et de longue patience, et la vie cachée doit prévaloir sur la vie extérieure. Il ne faut pas vouloir donner à l’Église sur terre une gloire plus grande que celle que la providence lui réserve ; elle sera toujours dans l’humiliation et dans la souffrance : elle porte la marque de la mort du Christ. Du reste, la gloire extérieure est une toute petite partie de la gloire de l’Église : c’est au fond des âmes que se prépare actuellement la gloire de la chrétienté universelle.
La vie intérieure n’est pas seulement, comme on la considère souvent, l’âme de l’apostolat. Elle est beaucoup plus : elle est la plus réelle construction ici-bas de la Cité céleste. Il faut louer le Seigneur de la beauté cachée de son Église.
Le grand moyen par lequel saint Joseph a été le coopérateur de la Rédemption, c’est l’obéissance. Toute sa vie est une suite d’actes d’obéissance : son mariage avec la Vierge Marie, son voyage à Jérusalem pour le recensement, sa fuite en Égypte, son retour… Et, à son exemple, c’est par l’obéissance intérieure, l’obéissance extérieure, la fidélité au devoir d’état, que l’on peut faire monter la vie divine dans l’univers. Et, pour que saint Joseph puisse nous aider, il faut vivre avec lui, dans l’atmosphère de Nazareth, avec la sainte Famille.
Méditons sur cette vie cachée avec Paul Claudel…
« Quand les outils
sont rangés à leur place
et que le travail du jour est fini,
Quand du Carmel au Jourdain
Israël s’endort dans le blé
et dans la nuit,
Comme jadis
quand il était jeune garçon
et qu’il commençait à faire
trop sombre pour lire,
Il a préféré la Sagesse et c’est elle
qu’on lui amène pour l’épouser.
Il est silencieux comme la terre
à l’heure de la rosée,
Il est dans l’abondance
et dans la nuit ;
il est bien dans la joie ;
il est bien avec la vérité,
Marie est en sa possession
et il l’entoure de tous côtés…
De nouveau il est dans le Paradis
avec Ève. »