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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

20e dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Je suis venu apporter un feu sur la terre

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12,49-53. 
Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ;
ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

COMMENTAIRE

Les mots de Jésus dans l’évangile de ce dimanche nous déconcertent certainement. Quel est donc ce feu qu’il est venu « jeter sur la terre » ? Quel baptême doit-il recevoir ? Que veut-il dire quand il proclame qu’il n’est pas venu mettre la paix sur la terre mais la division ?

De temps à autre, les actualités nous montrent dans diverses parties du monde d’immenses incendies qui peuvent même coûter la vie des soldats du feu en ravageant les paysages et les habitations. Ce fut récemment le cas à proximité de Colorado Springs, mais aussi à la frontière franco-espagnole en juillet 2012 ou encore dans l’ile de la Réunion en novembre 2011, voire même sur le Mont Carmel, en Galilée, en décembre 2010.

Si Jésus choisit cette image pour parler de sa mission, c’est qu’il avait certainement constaté les dégâts occasionnés par de petits incendies survenus à son époque en Galilée ou en Judée. Un petit feu peut entraîner un grand incendie ! Peut-être aussi avait-il entendu parler de l’incendie qui détruisit la ville de Troie, ou de celui causé par les troupes de César et qui endommagea à Alexandrie la célèbre bibliothèque. L’image du feu a certainement impressionné son auditoire comme elle nous impressionne aujourd’hui. Nous savons à quelle vitesse un feu peut se développer et envahir une maison ou une contrée. Cela nous permet de comprendre avec quelle impatience Jésus exprime son désir de voir se répandre sur la terre entière la Bonne Nouvelle de la bienveillance de Dieu pour l’humanité.

Mais l’image du feu évoque aussi le Saint-Esprit, d’autant plus que Jésus parle d’un baptême qu’il doit recevoir. Il y a ici une allusion au mystère de Pâque. La mission de Jésus ne serait-elle pas à comprendre dans le sens d’un feu que lui-même est venu allumer et qui doit se répandre partout. N’est-ce pas un tel baptême que le Baptiste a annoncé en parlant de Jésus (Mt 3,11 ; Lc 3,16) ? Ce feu qui doit envahir le monde, c’est le don du Saint Esprit. Souvenons-nous que, dans la perspective de saint Luc, la mission de l’Église démarre le jour de la Pentecôte où les apôtres reçoivent le Saint Esprit sous la forme de langues de feu (Ac 2,3). Ainsi, à travers cette parole déconcertante de l’évangile de ce dimanche, Jésus apparaît comme le missionnaire de Dieu, impatient de répandre l’Esprit Saint.

Plus difficile est l’autre parole de Jésus : je ne suis pas venu mettre la paix sur la terre, mais la division. Nous ne pouvons pas rester indifférents devant les nombreux drames qui ensanglantent le monde, notamment tous ces civils tués en Syrie et en Iraq tous les jours et tous ces gens lâchement assassinés au Nigéria et ailleurs en raison de conflits inter-religieux. Jésus n’a pas la mission d’imposer de force la paix dans notre monde. Il est venu apporter la semence de la paix mais il compte sur ceux qu’il a appelés pour la semer partout. Souvenons-nous de cette béatitude : « Heureux les faiseurs de paix, il seront appelés fils de Dieu ! » (Mt 5,9). C’est à nous qu’il revient de travailler pour la paix et Jésus nous rappelle que cela commence au sein de nos propres familles qui sont divisées par des conflits douloureux.

Mais cette division dont Jésus parle sera aussi causée par la foi en lui. Dans certaines familles aujourd’hui, tout le monde n’appartient pas à la même religion et il est difficile de se rassembler alors que la foi divise. Jésus sait que la foi en lui va occasionner des divisions et des conflits graves, au sein des familles et au sein des nations. Le disciple de Jésus a reçu la mission d’être au service de la paix et de la réconciliation. Or cela n’est possible qu’avec l’aide du feu répandu sur la terre par Jésus : l’Esprit d’amour et de paix. La parole si énigmatique de Jésus ne trouve-t-elle pas ici tout son sens ? Il appelle des disciples sur lesquels il répand le feu de l’Esprit Saint afin d’en faire des messagers et des artisans de paix qu’il envoie dans le monde entier pour travailler à la réconciliation dans les familles, les pays, et entre les nations. Jésus soupire. Il voudrait que cela soit déjà accompli, mais il est nécessaire que chacun de ceux qui font partie de la foule immense de ses témoins, y contribuent activement.

Interrogeons-nous. Sommes-nous de ceux-là ? Faisons-nous partie de cette foule immense des témoins de Jésus qui sont d’actifs faiseurs de paix parce qu’ils sont animés par le feu de l’Esprit ?

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

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