Le 23 juin 2013
Corruption, collusion, scandales, mensonges, parjures : des mots très à la mode dans nos conversations depuis quelques mois. Particulièrement quand il est question de la chose municipale dans la région de Montréal. Les gestes illégaux pullulent depuis longtemps mais l’ampleur du désastre n’a produit de réactions que bien tard. Pour remplir leurs poches, nombreux sont ceux qui ont plongé la main dans la tirelire publique. Sans gêne, sans retenue, sans souci éthique, sans respect pour les contribuables.
Devant autant de malhonnêteté, on se surprend à regretter qu’il n’y ait pas davantage de gens à cheval sur la loi, pointilleux même à l’excès. Il nous semble qu’il y aurait plus de justice dans cet excès que dans l’autre.
Mais les excès sont toujours excessifs, dirait Monsieur de la Palice. Et la vertu trône toujours au milieu, ajouterait saint Thomas d’Aquin.
Consultons le Christ à ce propos. D’après les évangiles, Jésus ne tolère pas les excès, d’un côté comme de l’autre. Il chasse les vendeurs du temple qui ont transformé la maison de son Père en caverne de brigands. Il a des mots très durs pour les riches qui accumulent richesses sur richesses.
Par contre, à quelques minutes de sa mort, Jésus manifeste beaucoup de miséricorde à l’endroit d’un bandit crucifié avec lui. Tout au long de son ministère public, il a un faible pour les publicains, ces collectionneurs de petites enveloppes brunes. Il mange avec eux au grand déplaisir des absolus de la loi.
Un principe guide Jésus dans ses actions. C’est l’amour. Un amour qui guérit, un amour qui pardonne. L’amour est sa loi suprême. C’est particulièrement évident dans la fameuse parabole du bon samaritain (Luc 10, 25-37). Le prêtre et le légiste continuent leur route sans secourir le malheureux. Le samaritain s’arrête : l’amour prend les couleurs de la compassion. Devant le voyageur, un homme est blessé. Il faut venir à son aide. Une loi, supérieure à toutes les autres, commande ici.
Le samaritain n’a pas consulté son traité de morale. Il n’a pas vérifié si le blessé mérite qu’on vienne à son secours. Il n’est pas dirigé par l’appel du devoir d’assistance à personne en danger. Il aide, un point c’est tout! Il n’obéit pas à la loi parce que c’est la loi. Il obéit plutôt au pourquoi de la loi, ce pour quoi elle existe. Les lois n’existent que pour atteindre un bien supérieur. Elles n’existent pas pour elles-mêmes; elles guident vers le sommet.
Quant à ceux et celles que le pourquoi de la loi ne touche pas, il leur est fortement conseillé d’obéir quand même. Si l’amour n’est pas là, la justice et le respect de la société et de ses membres seront au moins honorés. Ce dernier conseil vaut particulièrement pour les gens engagés dans les institutions sociales et gouvernementales.