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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

4e Dimanche de Pâques. Année C

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Dieu est plus fort que notre mort

Jésus avait dit aux Juifs : « Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger). » Il leur dit encore : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

COMMENTAIRE

Les lectures de ce dimanche prennent au sérieux nos jours obscurcis par les larmes, les blessures, les souffrances, les épreuves. La louange des foules immenses de toutes nations, peuples et langues qui entourent Jésus dans sa gloire, n’a pas effacé les traces des épreuves ni épongé les larmes. Le Ressuscité ne porte-t-il pas lui-aussi les traces de sa Passion au matin de Pâques ? Toi qui es malade, toi qui viens de perdre un père, un mari, une mère, un frère, un enfant, un ami, toi qui souffres d’avoir été trahi par un de tes proches, voici qu’il t’est dit aujourd’hui que Dieu en personne veut essuyer toutes les larmes de tes yeux.

Le Dieu que Jésus nous révèle dans sa Pâque est un Dieu « Père » qui se penche vers nous pour essuyer nos larmes, un Dieu de Miséricorde qui nous est favorable et qui nous tend la main. Saurons-nous la saisir ? Le Dieu de Jésus a décidé de partager nos souffrances, d’être toujours avec nous, même dans les épreuves et les souffrances. C’est pour cela que Jésus ose dire à ceux qui souffrent : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Mt 5,5). Comprenons ainsi : « Heureux êtes-vous si vous pleurez, parce que Dieu lui-même va vous consoler. »

Il y a une dizaine d’années, je me trouvais avec un ami au sommet d’une montagne, à l’endroit même où, quelques semaines plus tôt, son frère avait fait une chute mortelle. Dans le silence de la montagne, nous avons lu le passage d’évangile de ce dimanche. J’ai alors mesuré l’incroyable folie de croire en ce Dieu qui nous tend la main pour nous sauver ; j’ai ressenti cette force intérieure qui me disait de toujours espérer, même « contre toute espérance » (Rm 4,18) et contre toute logique, que Dieu est plus fort que notre mort, que lui seul peut nous guérir et nous consoler dans nos peines et nos épreuves.

En ce temps de Pâques, le Christ ressuscité nous affirme sans détour que ceux qui sont connus de lui, ses propres brebis, il ne les lâchera jamais, il n’acceptera pas qu’elles se perdent, et lui-même, qui est passé par la mort pour entrer dans la Vie, il leur donne déjà maintenant Sa vie éternelle. Croire n’est pas adhérer au mouvement fondé par Jésus. C’est faire confiance à la personne vivante de Jésus, c’est tendre sa main vers la sienne. C’est dire comme Étienne : « En tes mains, Seigneur, je remets ma vie. »

Es-tu prêt à te remettre tout entier, sans réserve et sans peur, dans cette main que Jésus tend vers toi ? Es-tu prêt, comme Pierre quand il s’enfonce dans les eaux, à crier vers Jésus : « Seigneur, sauve-moi ! » (Mt 14,30) ? Es-tu prêt à t’engager à fond dans cette aventure de la confiance en Jésus ? Es-tu prêt à fonder ta vie sur le roc du Christ ? Es-tu prêt à marcher avec Jésus jusqu’au bout ? Saint Paul a fait ce saut inconditionnel dans la confiance ; c’est pourquoi il a pu écrire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie présente, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2,20).

Être chrétien, c’est mettre sa confiance en Jésus. C’est vivre en quête de la voix du Ressuscité. C’est laisser la voix du bon pasteur apprivoiser et pacifier toutes les dimensions de notre être : « Je te connais par ton nom, je te donne la vie éternelle, et personne ne pourra t’arracher de ma main. » Ouvre ton cœur pour entendre cette voix du Bon Pasteur ! Que ta vie soit une marche avec Jésus, notre bon pasteur : « Le Seigneur est mon berger ! Je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer. Passerais-je les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi… »

À Istanbul, la petite église de Kariyé (Saint Sauveur in Chora) possède une fresque de la descente du Christ aux enfers. Saisissant Adam de sa main droite et Ève de sa main gauche, le Christ vêtu de lumière les arrache aux liens de la mort avec une puissance extraordinaire ! Croire, c’est se laisser simplement saisir par le Christ qui nous attire vers sa lumière ! Il a fait un immense chemin pour nous rejoindre et nous tendre sa main ! Il est descendu jusque dans les enfers de notre vie et de notre mort ! C’est là qu’il vient nous saisir la main ! Tendons-lui notre main pour qu’il la saisisse et laissons-nous conduire par lui vers Dieu notre Père qui essuiera toutes nos larmes.

En acceptant de mettre ma main dans la sienne, je choisis de ne faire qu’un avec Jésus. N’est-il pas Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu-avec-nous » ? « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? J’en ai la certitude, écrit Paul, ni la mort, ni la vie, ni le présent, ni l’avenir, ni les hauteurs, ni les profondeurs, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur (Rm 8,31-39). Quelle joie de savoir que Dieu veut essuyer nos larmes, qu’il nous envoie Jésus pour nous tendre la main et que personne ne pourra jamais nous arracher de cette main solidaire. Si tu souffres, si tu pleures, ne crains surtout pas de mettre ta main dans celle de Jésus. Il ne la lâchera pas !

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