En ces premiers jours de septembre, le Québec est en pleine effervescence. Nous allons aux urnes déposer nos bulletins de vote. Un véritable festival de discours aux saveurs de superlatifs.
Une petite croix à côté du nom d’un candidat ou d’une candidate, c’est presque rien. L’acte est discret. Il nous retient quelques secondes derrière un fragile paravent. Le geste pourrait être qualifié d’anodin, sans conséquence, banal… Mais on nous répète à satiété qu’il est important. Il est même situé très haut dans la liste des devoirs de tout citoyen, de toute citoyenne. La société l’affirme avec force. Les Églises et les religions l’appuient. «Que tous les citoyens se souviennent donc à la fois du droit et du devoir qu’ils ont d’user de leur libre suffrage, en vue du bien commun.» (Concile Vatican II, L’Église dans le monde de ce temps, paragraphe 75)
La croix tracée, le bulletin plié et déposé dans la boite qui sert d’urne, tout est fait et bien fait. On reviendra répéter cette modeste liturgie dans à peu près quatre ans. Entre temps, «si la tendance se maintient», un grand nombre des votants se laisseront distraire par bien d’autres occupations et préoccupations. Ils oublieront leur député et le laisseront travailler «en paix».
Nous avons raison de compter sur le travail des députés et même de leur faire confiance. Mais les autres citoyens, les votants d’un jour, n’ont pas pour autant terminé leur besogne. Le gouvernement n’a pas le monopole de la chose publique. D’une manière ou d’une autre, les citoyens dans leur ensemble sont appelés à s’impliquer dans la société. Il est de leur devoir de participer à la chose publique, en mettant leurs talents et leurs compétences au service de tous. Nos professions et nos métiers ne sont pas seulement des sources de revenu. Ils sont aussi des services auprès de la collectivité. «Quand aux citoyens, individuellement ou en groupe, qu’ils évitent de conférer aux pouvoirs publics une trop grande puissance; qu’ils ne s’adressent pas à eux d’une manière intempestive pour réclamer des secours et des avantages excessifs, au risque d’amoindrir la responsabilité des personnes, des familles et des groupes sociaux.» (Idem)
La vie en société requiert un juste équilibre entre les pouvoirs et les services que tous et chacun exercent dans la solidarité et la recherche du bien commun. Nous devons veiller à devenir de plus en plus une société entièrement responsable. «Le bien commun n’a de chances de se réaliser que grâce à une multiplicité d’institutions politiques et de libres associations donnant aux hommes le goût et la responsabilité politique et les moyens de l’exercer effectivement.» (MEHL, Roger, dans Initiation à la pratique de la théologie, tome 4, p. 580)