Récemment, une femme mariée connue dans le public se vantait de n’avoir jamais demandé un « fifrelin » à son époux. Elle revendiquait sa liberté, son individualité, sa vie propre, vivant la sienne et non celle de son mari. Ce discours est tout ce qu’il y a de plus actuel dans la représentation que se font les gens de nos jours de la vie conjugale. Mais pourtant, peut-on dans ce contexte parler encore de mariage?
Wikipédia nous donne cette définition du mariage : Il est l’acte officiel et solennel qui institue entre deux époux une communauté de patrimoine et de renommée appelée « famille » (ou foyer, feu, ménage…) dont le but est de constituer de façon durable un cadre de vie commun aux parents et aux enfants pour leur éducation.
Dans tout mariage, qu’il soit regardé du point de vue religieux ou institutionnel, la notion de communauté de patrimoine, de bien, de renommée (descendance) est présente. C’est bien pour unir deux destinées que l’on se marie. C’est bien connu, quand on aime on ne « compte » pas! On partage, on vit ensemble, on participe à la vie de l’autre.
Mais le couple moderne n’aime plus l’idée de faire qu’une seule « chair ». Difficile dans une « société d’individus », de se fondre dans un couple… De même que l’idée de patrie n’a plus aucun sens. L’individu règne sur lui-même, et se suffit à lui-même à côté d’autres individus dans la même situation.
Le sens du mariage arrive à un tournant critique. Après avoir été mis à mal par un flot de divorces depuis les années ’70, le voici confronté à de nouveaux défis. Le mariage est-il le fait seulement d’un homme uni à une femme? Les fondements du mariage s’appuient sur la création d’une famille pour justifier l’exclusivité hétérosexuelle de l’union maritale. Des voix s’élèvent pour dire que tous les couples hétérosexuels ne désirent pas former une famille, mais ont « droit » au mariage…
Le malaise social est profond. Il nous faut réfléchir au sens de cet engagement. Faut-il adapter le mariage à de nouveaux visages? C’est la voie que les gouvernements semblent emprunter un peu partout dans le monde.
Le mariage n’a aucun sens s’il n’est pas un désir de faire communauté de bien, de faire union. Il n’a aucun sens s’il ne veut pas s’ouvrir sur un projet de fécondité. Que ce soit le fait de fonder une famille, ou d’un projet à deux de don de soi pour la communauté élargie.
En fait, faut-il questionner davantage le mariage, puisqu’il est déjà clairement défini? Peut-être est-il plutôt temps de questionner les personnes qui désirent le mariage. Quand on veut garder son compte en banque chacun pour soi, pourquoi se marier? Quand on veut préserver son individualité, sa vie propre, pourquoi se marier? Quand nous ne désirons pas poursuivre ensemble un projet de famille, ou un projet de fécondité à deux, pourquoi se marier?
Le mariage est plus qu’une mondanité publique. Il est plus qu’une valorisation sociale (on est mieux vu professionnellement si on est marié), il est plus qu’une revendication de droits. On doit se demander si l’engagement que l’on recherche par la voie du mariage correspond bien à ce que l’on veut réellement vivre. La loi peut réformer d’autres types d’union afin de préserver les droits de chacun des conjoints. Mais gardons le sens du mariage pour ceux qui désirent vivre ce type d’engagement…
Le mariage perdra peut-être en popularité si naissent d’autres types d’union juridiques, adaptées celles-là au goût du jour. Mais il gardera tout son sens…