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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

14e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Faire confiance à Jésus jusqu’au bout de la vie

Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Il s’étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Commentaire

Jésus revient dans son pays, accompagné de ses disciples, après avoir enseigné dans toute la Galilée et même au-delà des frontières galiléennes. Les gens de Nazareth qui le connaissent bien, ainsi que toute sa famille, l’écoutent dans la synagogue et s’interrogent : « N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie ? » Pour tous ces gens qui le connaissent et auprès de qui il a longtemps vécu, Jésus est un homme ordinaire : c’est « le charpentier ». Il a appris ce métier avec Joseph puisque, dans l’évangile de Matthieu, les gens s’interrogent en disant : « N’est-il pas le fils du charpentier ? » (Mt 13,55). Jésus était donc connu comme un simple artisan ; personne n’avait percé le mystère de sa personne. Et tous sont étonnés de sa sagesse : « d’où cela lui vient-il ? »

Ce qui a bouleversé le Bienheureux Charles de Foucauld, alors qu’il vivait à l’ombre des clarisses de Nazareth, c’est de réaliser que Jésus mena là une vie ordinaire et cachée pendant une trentaine d’années. Il écrit en 1903 : « Sainte Marie et Saint Joseph étaient de pauvres ouvriers, vivant du travail de leurs mains dans un village nommé Nazareth. Notre-Seigneur Jésus y vécut 30 ans avec eux, passant pour le fils de Joseph et pour un homme ordinaire, les servant, leur obéissant, et travaillant avec eux. Lui, le Créateur du ciel et de la terre… » À Nazareth, en effet, le Fils de Dieu était connu de tous comme « le fils du charpentier », voire comme « le charpentier ».

Plus loin dans son évangile, saint Marc relate que toute la famille de Jésus, y compris sa mère, voulut intervenir pour le ramener à la maison, pensant qu’il avait perdu la tête (Mc 3,21). Saint Marc semble ainsi laisser entendre que, même dans sa propre famille, ses plus proches ignoraient le mystère de son identité. Pour tous ceux qui l’ont connu, il ne fut donc pas évident de reconnaître, dans cet homme de Nazareth, le Fils de Dieu fait chair. Il fallait pour cela une tout autre connaissance qui nécessitait une démarche de foi et une révélation divine.

Paul n’a jamais connu le Jésus de l’histoire et il écrit aux Corinthiens, parmi lesquels certains se vantaient peut-être de l’avoir connu : « Même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant ce n’est plus ainsi que nous le connaissons » (2 Co 5,16). Paul a rencontré le Ressuscité sur le chemin de Damas. Pour lui, il s’agit d’une révélation : « Celui qui m’a appelé par sa grâce a jugé bon de révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les nations… » (Ga 1,15-16). Comme Paul, nous connaissons tous le Christ Jésus dans la foi ; nous avons entendu en nous-mêmes son appel et nous y avons répondu.

Les gens de Nazareth, qui connaissaient très bien Jésus, n’ont pas su reconnaître en lui la présence du Fils de Dieu. Pour cela, il aurait fallu qu’ils fassent le grand saut de la foi, ce qu’ils ne firent pas. Jésus s’est alors étonné de leur manque de foi. Il leur a simplement dit : « Un prophète n’est pas bien accueilli dans sa patrie, sa famille et sa maison… »

Ce passage d’évangile nous rappelle que la foi chrétienne est avant tout une expérience de rencontre du Christ vivant sur la route de notre vie : il nous a appelés à le suivre et à lui faire confiance. C’est l’expérience que vivent la plupart des jeunes qui demandent aujourd’hui le baptême. Ce n’est pas le charpentier de Nazareth que nous avons rencontré mais Celui que les premiers témoins de sa résurrection ont appelé « le Seigneur ».

Il n’est pas si facile d’être disciple du Christ. Ne condamnons pas trop vite les gens de Nazareth qui n’ont pas cru en lui, ni ceux des villages de Capharnaüm, de Bethsaïde et de Chorazin qui ne se sont pas convertis (Mt 11,21 ; Lc 10,13) quand Jésus les a visités. Interrogeons-nous un peu : sommes-nous vraiment croyants ? Faisons-nous confiance en la personne du Christ, mort et ressuscité pour nous ?

En proclamant qu’un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et sa famille, Jésus invite clairement ses disciples qui l’accompagnent à opérer, comme lui, une rupture radicale avec leurs appartenances familiales et géographiques. En nous appelant à sa suite, il nous invite à une véritable expérience de foi en lui, qui nécessite de sortir vraiment de chez soi pour aller toujours au-delà de soi-même, de tout quitter pour aller vers les autres. Jésus nous demande quelque chose de très difficile : tout quitter, y compris et d’abord soi-même, pour lui faire confiance jusqu’au bout de la vie. N’est-ce pas cela la foi ?

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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