Nous vivons au Québec de l’inédit, qui nous prend un peu de court. Tout arrive en même temps : les réaménagements paroissiaux qui vont affecter la vie des communautés chrétiennes; les contestations étudiantes concernant la hausse des frais de scolarité ; les marches « protestantes » quotidiennes dans les rues; la commission d’enquête sur les fraudes alléguées dans le domaine de la construction. Ça fait beaucoup de choses à suivre en plus de tout le reste!
Nous ne sommes pas dans une dérive, mais chacun y va de ses craintes, de ses pronostics plus ou moins alarmistes. Alors que tant de sujets d’inquiétude nous sollicitent, comment garder la sérénité et la paix ? Faut-il baisser les bras et nous résigner à ne plus rien comprendre ? Que devons-nous faire ?
Pour ma part je suis peut-être naïf, ou trop optimiste, mais je m’émerveille du relèvement de plusieurs. J’applaudis aux efforts de participation et de solidarité des jeunes. J’ai le goût de crier pour tous : Vive les hommes et les femmes debout et libres ! Je me dis que si nous souhaitons la liberté et la justice en Libye, en Tunisie, en Égypte, en Syrie, nous devons du même souffle vouloir que ces valeurs soient honorées aussi chez nous. Sans crier à la violence, je me dis qu’il faut encourager la vie et le renouveau, soutenir l’espoir et le rêve des jeunes. Nous avons reçu un Esprit qui ne fait pas de nous des éteignoirs ou des esclaves. L’Esprit nous pousse vers ce qui est « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Face à tout cela, il n’y a plus de loi qui tienne », commente Saint Paul aux Galates.
Il faut penser que notre monde change et changera toujours. Que ce qui importe c’est d’être fidèle à soi-même et aux grandes valeurs humaines. Bien discerner, voir clair et juste. Comme société, comme personne, comme Église, nous sommes engagés dans un processus évolutif où rien n’est programmé. C’est le rôle de l’Esprit de nous accompagner pour que nous puissions faire les bons choix, nous tenir en fidélité à l’enseignement du Seigneur. Des valeurs immuables sont fixées en nos âmes et consciences, mais leur application est à vivre dans des circonstances concrètes. L’Esprit ne s’attarde pas en arrière. Il est discernement, force, lumière, initiative. « Ce qui va venir, dit Jésus, il vous le fera connaître. Il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Une double fonction revient donc à l’Esprit : garder en nos mémoires la Bonne Nouvelle, pour que nous n’allions jamais l’oublier. Et nous tourner vers le présent et l’avenir, non pas en substituant à l’Évangile un enseignement nouveau, mais en nous y conformant par mode d’approfondissement et de saisie intérieure. Ainsi pouvons-nous renaître constamment, participant à la vie du ressuscité, faisant l’expérience intime du Dieu vivant. Cette communion intérieure saura bien nous inspirer les gestes d’amour, de justice et de paix qui conviennent et qui sauvent.