Le Québec vit sur fond de crise de plus en plus profonde dans le monde universitaire. Le projet du gouvernement de hausser les frais de scolarité a déclenché une grève qui a des répercussions sur l’ensemble de la société québécoise. Les médias nous présentent des images bouleversantes de situations qui vont jusqu’à la violence.
D’un dimanche à l’autre, les églises rassemblent des gens de différentes allégeances: des carrés rouges, des carrés verts, même des carrés jaunes. Un arc-en-ciel d’opinions et d’engagements, d’angoisses et d’espérances, de craintes et de courages. Les célébrations ne tournent pas en débat, encore moins en combat les uns contre les autres. Nous sommes tellement discrets que l’événement ne semble pas avoir prise sur la liturgie, ni la liturgie sur le conflit.
Cependant, je souhaite que la messe du dimanche permette à chacun et à chacune des participants de pouvoir prendre un certain recul, l’occasion de jeter un regard constructif sur ce qui se passe. Prendre une certaine distance pour considérer l’ensemble de la question.
Sans nécessairement aborder le sujet, peut-être que certaines pages de la Bible, certaines prières, certaines homélies ont permis à l’un ou l’autre de prendre cette distance. Tant mieux.
Durant le temps pascal, la lecture évangélique nous propose une image. Jésus se présente comme le pasteur d’un troupeau de brebis. Un « bon pasteur», un « vrai berger» qui se soucie de ses brebis. Il les connaît; il les appelle chacune par leur nom. Et, suprême bonheur, il donne sa vie pour elles.
Nous sommes le troupeau du Christ. C’est pour nous qu’il a donné sa vie. C’est pour nous qu’il l’a repris dans sa résurrection. Pour nous, et pour bien d’autres qui ne sont pas de la bergerie catholique et pour qui il veut être le berger.
Les moutons ont la réputation d’être des « suiveux»! Il ne doit pas en être ainsi dans la bergerie du Christ. Au contraire, il doit y avoir de la place pour toutes les couleurs d’opinions et d’engagements. Nous devons pouvoir partager la même table malgré nos divergences. L’union, la communion ne nous impose pas d’être tous pareils. La suite du Christ ne nous oblige pas à n’avoir qu’une seule façon de concevoir la justice et la paix. Entre nous, la fraternité doit s’appuyer sur la certitude que nous parviendrons à nous entendre. Elle nous entraîne sur le chemin de la tolérance et du dialogue. L’autre a le droit d’être un autre. Et c’est avec lui que nous voulons construire au-delà de nos oppositions.
Puisse la célébration dominicale suggérer à ses participants un regard porteur d’avenir sur la crise que nous traversons. Appuyons-nous sur cette parole de la première lettre de saint Jean: « Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés: il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu, – et nous le sommes. (1 Jean 3, 1)