Dans sa classe de finissants, ma fille aînée est surprise de constater que certains de ses camarades se font dissuader par leurs parents d’emprunter la voie professionnelle qu’ils souhaiteraient. Certains parents menacent de couper le financement des études si leur enfant prend un chemin qu’ils désapprouvent. Ils démontent leurs projets, leurs aspirations à grands coups de peur de l’avenir.
Quand nous vendions notre maison, je me souviens d’un jeune couple qui avait eu le coup de cœur pour celle-ci. Un des parents, qui devait sans doute participer au financement, déconseilla l’achat sous prétexte que la maison comportait des réparations (dont le prix tenait compte). Le jeune homme rêvait de rénover, mais se plia à la peur de ses beaux-parents.
Un jeune couple de vingt ans, amoureux, voulait se marier et démarrer sa famille au plus tôt. La mère de la jeune fille la détourna de ce projet, jugé trop rapide, et trop tôt dans la vie.
Quels défis laissons-nous à nos jeunes aujourd’hui? Autrefois, les jeunes gens devaient souvent tout bâtir de leurs mains. Tout était à faire! On n’imagine pas leurs parents leur dire : « Vous vous lancez dans du trop gros pour vous. C’est risqué de bâtir sa maison! »
Pendant des siècles, se marier à vingt ans était le bel âge pour le faire. D’ailleurs, à 25 ans, la femme se faisait déjà un peu vieille fille… Évidemment, nous ne pouvons comparer deux époques sans nuance. L’espérance de vie s’est allongée, on est encore une jeune fille à 25 ans. On parle de la jeunesse de 18 à 35 ans! Les études d’aujourd’hui mettent les jeunes dans une situation de dépendance rallongée.
Mais comme il est dommage d’élever nos jeunes comme des vieux. On leur apprend à agir, à décider, à choisir en prenant pour premier facteur la sécurité. Nous sommes en train de faire une génération de jeunes-vieux. Des jeunes qui ont tout à bâtir, mais qui vont choisir d’investir dans un compte d’épargne-retraite plutôt que de bâtir une vie pleine de défis dont ils ont besoin de relever.
Au nombre de divorces qui fracassent nos statistiques, à la quantité de couples qui refusent de s’engager durablement, nos jeunes amoureux d’aujourd’hui ont sûrement plus d’appréhension à se lancer dans un mariage. « Attendez d’avoir plus de maturité, d’être sûrs de vous avant! » Mise à part une raison évidente de craindre un mauvais mariage pour un jeune couple (un des jeunes qui présenterait des troubles psychiatriques, par exemple), soyons des vecteurs d’encouragement, des transmetteurs de confiance autour d’eux. Que les plus vieux gardent leur peur pour eux et aient la sagesse de leur donner la confiance en l’avenir!
Dans une vie, nous traversons une foule de crises inattendues que nous aurons à gérer (perte d’emploi, maladie, remises en question…), et la meilleure arme que nous pouvons avoir face à ces intempéries est la confiance. Si cette confiance, cet optimisme est doublé d’une foi en Dieu, nous sommes alors bien assez forts pour plonger pleinement dans la vie.
Oui, j’insiste, nous aurons certes des échecs, des tracas, des problèmes compliqués à résoudre. Mais, aucune vie, aussi prévoyante soit-elle, ne peut s’en prémunir. Dès lors, quand nous croisons une lumière dans les yeux, des cœurs qui palpitent, des jeunes qui partagent un amour heureux, plein de confiance, encourageons-les à ne pas avoir peur de l’avenir, à croire qu’à deux on peut bâtir un monde meilleur, rempli aussi de défis.