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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Dimanche des Rameaux. Année B.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Concentrez vos regards vers le Christ crucifié !

Texte de la Passion de Jésus Christ selon saint Marc

Commentaire

« Concentrez vos regards sur le Christ crucifié » disait sainte Catherine de Sienne dans sa correspondance. C’est avant tout dans cette attitude contemplative que nous nous situons au seuil des jours saints. Concentrons nos regards sur Jésus qui entre à Jérusalem pour y être arrêté et condamné à mort. Concentrons nos regards sur Jésus, et sur Jésus seul de son entrée à Jérusalem jusque sur la Croix, hors de la ville. C’est probablement ce que fit Marie, la Mère de Jésus, qui n’a certainement pas quitté des yeux ce fils, d’abord acclamé dans son entrée à Jérusalem par des « Hosanna ! », puis hué par la même foule dans le prétoire : « À mort ! Crucifie-le ». Tous les récits évangéliques nous ont peu à peu conduits à ne concentrer nos regards que sur lui seul pour ne nous en remettre qu’en lui seul. En ce Jésus qui entre à Jérusalem, pour y souffrir et y mourir, se révèle le Dieu unique et véritable.

Nous ne croyons pas en un Dieu lointain, transcendant et inhumain, qui dirigerait le monde, comme un patron qui embauche ou licencie, à distance, de son bureau auquel on n’accède que sur rendez-vous et après de multiples obstacles. Nous ne croyons pas en un héros humain, une sorte de surhomme ou de superman invulnérable et insaisissable. En contemplant le Christ crucifié, nous sommes invités à une conversion profonde de notre propre regard de foi : une conversion qui exige que nous abandonnions nos rêves et nos faux dieux ; une conversion qui nous conduise à découvrir, avec le centurion romain, au pied de la croix alors que Jésus meurt, que cet homme est vraiment le Fils de Dieu. « Le Fils de Dieu est venu, écrit saint Jean, afin que nous connaissions le (Dieu) Véritable » (1Jn 5,20).

Entrons dans ces jours saints avec le regard purifié du croyant, rendu capable de voir dans les événements de la Passion, le Dieu Invisible qui s’y cache. Dans l’abaissement du Crucifié, contemplons en grand silence « la puissance de Dieu qui se déploie dans la faiblesse » humaine (cf. 2Co 12,9). Dans la Passion de Jésus, avec une immense discrétion, Dieu fait son entrée dans les abîmes d’inhumanité et de déshumanisation où l’espérance et l’amour agonisent. Contempler, selon la belle image de Péguy (Le Porche de la deuxième vertu), la passion du Fils crucifié comme l’incroyable aventure où l’homme et Dieu sont indissociablement liés à jamais, parce que le Fils lie les bras de la justice du Père et délie ceux de sa miséricorde, inventant une justice d’amour et d’espérance.

Contemplons en ces jours saints et avec un immense respect ce chemin d’un Dieu humain devenu sur la croix immensément proche de nous : « Le Christ Jésus, étant de condition divine, (…) est devenu semblable aux hommes. Il s’est abaissé jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2,6-8). La Croix est donc pour nous un trône de la Présence divine. C’est vers Celui qu’elle porte que se concentrent nos regards et que sont comme irrésistiblement attirés ceux de tous les hommes : « Élevé de terre, a dit Jésus, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32).

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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