Une nouvelle année atterrit dans le grand jardin de la terre. Au milieu des fleurs ou des chardons, du sable sec ou de la neige, elle fait son nid. Une hirondelle qui fera le printemps, une outarde qui traversera l’automne, un harfang des neiges qui blanchira le paysage, l’année s’habillera de mille plumages pour nous séduire.
Nous savions qu’elle viendrait, cette nouvelle année. Mais elle a réussi, comme les précédentes, à nous surprendre. Plus nous vieillissons, plus les nouvelles années nous surprennent. Le temps passe vite, très vite, trop vite. Même lorsque la maladie, les épreuves, les ruptures allongent les jours et sèment l’ennui.
Les premiers jours de chaque année comportent des rituels selon les coutumes locales et surtout familiales. «On se donne la main et on s’embrasse», dit une vieille chanson québécoise. Des liens affectueux, une manière de nous dire l’attachement que nous avons les uns pour les autres, une manière d’exprimer en rites des relations qui nous rapprochent mutuellement.
La même chanson conclut : «C’arrive rien qu’une fois par année!» Mais elle se trompe. C’est plus qu’une fois par année que nous nous embrassons. Nous partageons nos petits et grands bonheurs. Nous goûtons des réussites dont nous sommes fiers. Nous souhaitons nous embrasser certains jours moins heureux, quand il faut dépasser les malentendus, réchauffer les cœurs blessés, clarifier les situations sombres, faire disparaître les angoisses et les inquiétudes… Nous souhaitons même que nos conflits cèdent rapidement la place aux réconciliations. Ces réconciliations qui grandissent ceux et celles qui se guérissent mutuellement.
Nous appelons le premier jour de l’année : le «Jour de l’An». Comme si l’année ne comportait qu’une seule journée. Une journée qui recueille en elle-même les trois-cent-soixante-cinq journées qui s’étaleront au cours des douze prochains mois. Nous récapitulons ainsi l’année dans une fête de rencontres, de partages, de rappels de bons souvenirs, des nostalgies que nous réveillons au moins «une fois par année». Une journée où nous inventons des rêves les uns pour les autres, du soleil pour nourrir quatre saisons.
Ce jour-là, ce Jour de l’An, nous souhaitons le passer en famille. Autant que possible, nous voulons partager les joies et les espoirs avec nos parents et nos enfants. Et quand ce n’est plus possible, nous transformons l’absence en évoquant de bons souvenirs.
En ces premiers jours de l’An neuf, je nous souhaite une bonne et heureuse année avec du paradis parsemé ici et là au milieu de nos histoires personnelles.