C’était lundi 5 décembre 2011, vingt jours avant Noël. L’Agence spatiale américaine venait d’annoncer la découverte d’une planète. Une température de 22 degrés Celsius, de la terre, de l’eau liquide : le minimum nécessaire pour deviner de la vie semblable à la nôtre.
Pendant que les savants s’extasiaient arrivait une autre planète dans un hôpital de Nashville au Tennessee.
La NASA appelle sa planète Kepler-22b. La planète de Nasville porte le nom de Thomas. C’est plus beau, plus poétique et surtout plus attachant. Un petit bonhomme moins long que mon bras et pourtant une planète à lui tout seul, tout un monde en train de naître et de nous faire renaître.
J’entends grogner un pessimiste parmi mes connaissances : «Faire des enfants de nos jours, c’est de l’inconscience, c’est lancer un être dans la tourmente de la crise économique, du terrorisme, de la surconsommation, de la guerre…» J’ajoute en citant une vieille prière d’autrefois : «Et tous les esprits mauvais qui parcourent le monde pour la perte des âmes».
Eh bien, non, cher pessimiste! Thomas n’est pas là pour sa perte ni pour la nôtre. Thomas est né. C’est de la vie. C’est de l’avenir. C’est du bonheur plus goûteux encore que tous les bonbons de la terre. Dieu l’a dit dans la venue de son Fils, un enfant, le fils d’une femme. Il le redit dans la naissance de Thomas et tous les autres Thomas qui naissent d’une heure à l’autre.
Thomas ira peut-être un jour sur Kepler-22b. D’ici ce jour encore inimaginable pour nous, il prendra le temps de découvrir la planète où il vient d’arriver. Il n’aura même pas assez d’une vie pour tout voir, tout apprécier. Mais le peu qu’il rencontrera sera suffisant pour s’inventer un bonheur et le partager avec ses contemporains.
Mon pessimiste pointe du doigt les nuages qui planent dans le ciel des continents. Il faut reconnaître avec lui le côté sombre de notre terre. Mais le soleil brille à travers les nuages. Thomas a le droit de relever le défi de vivre et de vivre heureux sur terre. Il nous revient d’aider cet enfant à percevoir la luminosité du bonheur.
Thomas deviendra une caverne de trésors emmagasinés au rythme de ses maturations. Il laissera à d’autres la joie de pénétrer dans son univers intérieur. Espérons que nous connaîtrons cette joie-là.
Les parents me feront remarquer que, de nos jours, ça coûte cher en nourritures, en vêtements, en mille et une nécessités de la vie. Ça demande beaucoup en affection, en attention, en accompagnement et en tout ce qui ne se calcule pas et qui pourtant nourrit le bonheur de l’être humain. Malgré cet énorme investissement, la naissance et la croissance d’un enfant se présentent à nous comme un appel à l’amour inconditionnel et gratuit. Quelque chose à la mesure de Dieu. Thomas, malgré sa fragilité, prend place au-delà des valeurs. Il est sans prix. Il est plus important que l’ensemble des planètes, si grandioses soient-elles. Une étoile parmi tous les astres de toutes les galaxies. À lui tout seul, il est une carte de Noël porteuse d’un précieux message.
En ces jours de fête, nous faisons mémoire de la naissance d’une autre étoile. Elle traverse les siècles et les grands espaces comme un cadeau de Dieu. Qu’elle éclaire le petit Thomas et chacun d’entre nous. Qu’elle oriente nos vies vers l’amour et la paix sur notre bonne vieille planète.
Que le premier Noël de Thomas soit pour lui le début d’une longue suite de joyeux Noël.