Si ton cœur pouvait devenir une crèche…
Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s’était fait, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.
Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « Voici celui dont j’ai dit : Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce :
après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui a conduit à le connaître.
COMMENTAIRE
L’humanité accueille Celui qui est son origine, son commencement, son Créateur, son Dieu qui s’est abaissé pour venir habiter en elle ! C’est un immense mystère ! En cette nuit et en ce jour de Noël, approchons-nous humblement de la crèche, fléchissons le genou et adorons en silence le Créateur du monde dans le nouveau-né fragile et vulnérable, déposé dans une mangeoire d’animaux ! Arrêtons-nous devant les crèches de nos églises et faisons dans nos maisons une petite place pour la crèche. C’est le temps de l’adoration et du silence devant un mystère qui nous dépasse : « Il est né, le divin enfant… »
Ce divin enfant vient pour redonner l’espérance à tous ceux qui l’ont perdue, à tous ceux qui se sentent isolés, abandonnés, en détresse, à tous ceux dont la vie est brisée, blessée, désorientée, salie, humiliée. Tous, nous avons besoin de la lumière de cet enfant ! La merveilleuse annonce du prophète Isaïe, dans la première lecture de la messe du jour de Noël, a été faite au peuple de Dieu quand il était en exil à Babylone ! Nous sommes tous en exil ! Nous sommes loin de Dieu, loin de son amour, loin les uns des autres ! Nous vivons dans des villes à côté de tant de gens que nous ne connaissons pas et que nous ignorons parfois. Chaque jour, nous passons à côté d’eux, comme les lévites de la parabole du bon Samaritain (Lc 10,31-32). Nous sommes probablement trop centrés sur nous-mêmes. L’Enfant de Bethléem naît pour les autres… Il est pauvre ! Le Père du ciel le donne pour que l’humanité soit la demeure de « Dieu avec nous », Emmanuel !
« Jésus – Dieu sauve », « Emmanuel – Dieu avec nous », vient naître pour rencontrer chacun de nous ! Vas-tu te déplacer dans tes habitudes comme les bergers et les mages ? Vas-tu l’accueillir dans la crèche de ton cœur ? Vas-tu laisser l’Emmanuel illuminer ton être ? Vas-tu laisser sa Lumière s’infiltrer dans ta nuit ? Le prologue de l’évangile de saint Jean est un passage difficile à comprendre… Nous y apprenons le secret de Noël : l’Enfant qui naît, c’est le Fils unique de Dieu, la lumière des hommes, la Parole divine qui est venue installer sa demeure chez les hommes : oui, « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ! »
Cet enfant est à la fois le Fils et la Parole vivante du Père ; il est inséparable du Père comme notre parole est inséparable de nous. Depuis toujours et pour toujours, ce Fils fait la volonté de son Père. Le nouveau-né dans la mangeoire, c’est la Parole créatrice de Dieu… Comme le dit saint Jean, personne ne peut éteindre cette lumière qui vient briller dans les ténèbres humaines parce que c’est la lumière divine ! Le Verbe est notre vraie lumière qui vient chez nous… Allons-nous l’accueillir ? Le Verbe s’est fait homme pour habiter avec nous… Allons-nous le recevoir ?
Quelle que soit notre situation aujourd’hui, venons humblement nous pencher devant la crèche ! Jésus nous révèle le visage de Dieu. Si tu es pécheur, demande le pardon et la grâce à cet enfant. Si tu doutes, regarde cet enfant et tu retrouveras la foi dans le vrai Dieu, non pas un dieu pensé et imaginé, mais Dieu qui se laisse contempler sur le visage de Jésus nouveau-né ! En effet, comme le dit l’impressionnant passage de l’épître aux Hébreux de la messe de ce jour, sur ce visage d’enfant resplendit la gloire de Dieu. Allons à lui et accueillons-le dans nos pauvres vies !
Le Dieu de Gloire et de Majesté est né dans une mangeoire bien pauvre. Il n’a pas peur de naître dans nos vies insalubres et pleines de péchés ! Il vient pour y faire sa demeure ! Il n’a pas peur de venir dans nos êtres blessés par les souffrances et les péchés. Personne ne doit aujourd’hui désespérer et se croire exclu de la fête de Dieu qui, dans cette naissance mystérieuse, se révèle solidaire de nous tous, pauvres pécheurs. Puissent nos cœurs devenir des crèches où le Seigneur vient habiter. Angélus Silésius, mystique du 17e siècle, écrivait : « Ah, si ton cœur pouvait devenir une crèche ! De nouveau, ici-bas, Dieu serait un enfant. » C’est toujours vrai pour chacun de nous aujourd’hui !