Pour Dieu, c’est toujours le commencement
Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu.
Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route.
A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
COMMENTAIRE
« Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu… » C’est par ces mots que s’ouvre l’évangile de saint Marc. Quand Dieu surgit, c’est toujours un commencement, une genèse, un début… « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre… » (Gn 1,1). Il n’y a pas de vieillissement en Dieu. Il est toujours au présent, dans un éternel aujourd’hui. Comme il le dit dans l’Apocalypse : « je fais toutes choses nouvelles ! » (Ap 21,5).
Chez Marc, Jésus est au commencement… Saint Jean le dit aussi au début de son évangile, un passage que nous lirons le jour de Noël : « Au commencement était le Verbe… » Nous sommes bien au commencement car la première scène de l’évangile de Marc se situe au désert : « À travers le désert une voix crie ! »
Le désert évoque les origines, ce « tohu bohu » dans lequel Dieu crée par sa parole : « Dieu dit… et cela fut ». Mais le désert évoque aussi la création du peuple au cours de l’Exode. S’il a fallu symboliquement 7 jours pour la création du monde, il a fallu 40 ans pour la création du peuple de Dieu.
La venue de Jésus a quelque chose à voir avec les origines, le commencement, la création… C’est le Sauveur du monde qui surgit. Le salut de Dieu est à comprendre comme une action divine de création. La venue de Dieu dans notre monde comme dans chacune de nos vies personnelles, est toujours un événement de création et de salut. Si nous accueillons Dieu dans la personne même de Jésus qui vient, nous serons renouvelés ; sa parole pourra nous travailler au cœur et nous remodeler : comme il le fit pour Adam, aux temps des origines, Dieu peut nous recréer, nous refaire à neuf, nous renouveler, nous guérir, nous transformer, nous ressusciter…
Les mots manquent pour exprimer l’action de salut de Dieu dans la vie des hommes qui acceptent d’accueillir le Créateur, qui fait toujours du nouveau, même avec ce qui a vieilli. Il ne remplace pas les pièces usées par des pièces de récupération… Il récupère ceux qui sont perdus en les renouvelant par sa puissance de vie qui sauve. L’Avent est un temps offert pour nous préparer à accueillir ce Dieu-là qui vient à notre rencontre dans notre désert pour que sa parole de vie le transforme en terre nouvelle : « Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, dit saint Pierre dans la deuxième lecture, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice » (2P 3,13).
Offrons donc notre vieille terre humaine, pleine de chaos, au Seigneur de la création pour qu’il crée une terre nouvelle où lui-même pourra résider. C’est lui notre Justice. C’est lui qui nous rendra justes. C’est lui qui seul peut transformer notre chaos de péché où règnent le mensonge, l’injustice, la violence et la guerre… Dieu peut faire du neuf avec ce qui est usé, des merveilles avec nos fatigues et nos rides.
Par expérience, je sais qu’en Afrique, il est souvent difficile de refaire les routes, de combler les trous et d’enlever tout ce qui entrave la circulation. Mais, si un visiteur étranger important annonce sa venue, alors on va trouver l’argent et tous les efforts seront déployés pour tout arranger dans les plus brefs délais afin que la route soit belle pour l’accueillir. C’est bien cela que nous avons à faire avec nous-mêmes pour nous préparer à accueillir le Seigneur qui vient : « Voici votre Dieu. Il vient avec puissance et son bras est victorieux », proclame Isaïe dans la première lecture.
Dieu est patient. Il prend le temps. La patience de Dieu est sans limite comme nous le dit encore Pierre : « Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse… C’est pour vous qu’il patiente : car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir. » Dieu prend le temps avec nous. Il prend le temps de construire, avec chacun de nous, la route unique de sa rencontre avec lui.
Nous sommes au début de l’année chrétienne. C’est une année nouvelle, un commencement : que ce soit un temps d’accueil de Dieu dans nos vies, un temps d’accueil des autres aussi : un temps de rencontre de nouveaux amis, de nouveaux collègues, un temps de renouvellement dans nos relations, nos emplois du temps, nos activités. Que ce temps de commencement soit propice à une conversion profonde de nos personnes dans le sens d’une ouverture aux autres. Le Seigneur s’approche : qu’il renouvelle chacun de nos cœurs et toute l’Église.
Que les portes de nos communautés soient largement ouvertes à tous. Que les obstacles soient enlevés afin qu’elles deviennent une terre nouvelle où réside la Justice et la Paix. Pour cela, il est très nécessaire de modifier nos habitudes et nos comportements qui tendent à nous isoler de nos proches. Faisons tous une vraie conversion et vivons ensemble un commencement : soyons attentifs aux autres et saluons tous ceux que nous rencontrons dans la rue, les transports en communs, les magasins… C’est ainsi que le Seigneur, qui sait faire toutes choses nouvelles, nous donnera la grâce de construire ensemble une terre nouvelle de justice et de fraternité où le Verbe fait chair pourra faire sa demeure parmi nous.
Frère François-Dominique CHARLES, o.p.