Au début des années ’90, nous avions assisté mon mari et moi à une pièce de théâtre de la compagnie Sketchup et avions été interpellés par le sketch sur la prière du Notre Père.
Ce petit numéro empreint d’humour revêt une dimension profonde sur la prière et son implication. Il m’avait profondément remué.
Puis j’ai oublié ce sketch. La vie a passé et les joies de la prière en famille nous a accompagné de longues années. J’ai aussi tenté à plusieurs reprise d’instaurer une routine de prière personnelle avec tantôt du succès pendant une période puis tantôt la sécheresse. J’ai eu souvent l’impression d’avoir été surtout gênée par la recherche de temps pour la mise en place régulière.
Récemment avec un groupe de couples-amis, nous avons pris la décision de nous entraider à prier personnellement ou en couple au quotidien. Je me suis donc engagée à trouver ce temps. Il m’a fallu deux bonnes semaines pour trouver ce temps. J’ai enfin réalisé qu’au petit matin, je me réveille souvent pour une courte période. Plutôt que de tuer le temps à chercher l’endormissement, je pouvais mettre à profit ce moment pour prier. Et si par bonheur, je ne me réveille pas, j’ai toute la journée pour observer un temps propice. Comme je suis souvent interrompue par un « Maman, elle ne veut pas me redonner ma poupée… » ou « Pourrais-tu me donner un verre d’eau » au moment où je cherche désespérément le silence, il m’arrive de prier en conduisant.
Mais prier est beaucoup plus compliqué que de chercher un lapse de temps propice à cette fin. Dieu est autre. Et prier nous implique dans la mesure où nous dépassons le rabâchage de paroles apprises par cœur. Prier est tout sauf se parler à soi-même. Prier, c’est se mettre sous le regard de Dieu, c’est de mettre sa vie sous sa loupe. J’en ai fait l’expérience il y a peu.
Je m’étais fâchée avec mon mari pour des peccadilles, et étais retournée vaquer à mes affaires. Voyant soudain un créneau-temps propice pour faire l’oraison, je me mets alors en mode prière.
Mais, impossible pour moi de prier. Mon cœur est rempli de colère et au fond, j’ai envie de rester dans le confort de mes jérémiades! Je sais que de m’approcher de Dieu par la prière exige que je sois d’abord en paix dans mon cœur. Impossible de convaincre Dieu que mon mari est « nul »! Je le sais. Je le sens telle une présence aimante auprès de qui je ne peux médire de personne. Dieu n’est pas du genre à se laisser aller aux médisances, ni aux commérages. Avec Lui, si l’on veut vraiment entrer en sa Présence, il nous faut nous mettre sous sa bienveillance et accepter son regard sur nous qui nous détourne de nos chemins de ténèbres. Si tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère : puis vient présenter ton offrande.
Dieu, quand il fait partie du couple, prend une place unique et profitable pour le ménage. Près de Lui personne ne siège à droite ou à gauche. Il nous invite à grandir intérieurement dans nos difficultés. Il ne s’agit pas d’un Dieu lointain et absent encore faut-il accepter sa présence parfois « dérangeante » mais toujours lumineuse au sein du couple. Ce n’est pas un thérapeute de couple, mais il recadre pas mal de ménages…