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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

32e Dimanche du temps ordinaire. Année A.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Nous serons toujours avec le Seigneur

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Le royaume des cieux sera comparable à des jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes :
les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. ‘
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. ‘
Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands. ‘
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l’on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! ‘
Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. ‘
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.

COMMENTAIRE

Le passage de la première lettre de Paul aux Thessaloniciens qui est lu ce dimanche contient la plus ancienne formulation chrétienne de la foi en la résurrection des morts. Il n’est pas si facile d’exprimer ce grand mystère de notre foi !

Dans le grand Credo de Nicée-Constantinople, nous disons : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir » ; et dans le Symbole des Apôtres, nous proclamons : « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. » C’est donc un article fondamental de la foi chrétienne que de croire que les morts ressusciteront. Quand nous perdons des êtres chers, nous savons combien notre foi est éprouvée. Il est bien difficile de croire en la résurrection de la chair, à la résurrection du corps, quand nous déposons en terre ceux que nous avons aimés.

Paul s’est affronté dès le début de sa vie apostolique à cette difficile question. Des membres de la toute jeune communauté chrétienne de Thessalonique sont morts avant la Parousie, la venue en gloire de Jésus. Les premiers chrétiens pensaient que la fin des temps était imminente et s’y préparaient activement. Or Jésus se faisait attendre… Un peu comme dans la parabole de ce jour. Les jeunes filles s’endorment… Elles ne tiennent pas dans leur veille car l’attente est trop longue.

Saurons-nous faire de notre vie une véritable veille, une vie orientée vers l’attente de la venue de Jésus. La lampe des jeunes filles est un symbole de celles qui se trouvent à côté du tabernacle de nos églises. Autrefois, il s’agissait d’une lampe à huile ; aujourd’hui, elle est souvent remplacée par une ampoule électrique. La lampe à huile nécessitait qu’on entretienne la mèche et la réserve d’huile pour qu’elle puisse brûler nuit et jour. « Veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure… »

Car la vie chrétienne est fondamentalement marquée par l’espérance de la venue de Jésus. Il y aura une fin à notre vie personnelle et une fin de l’histoire humaine. Mais notre histoire personnelle, comme toute l’histoire humaine, trouve son sens et sa profondeur quand Dieu y fait irruption et y révèle sa présence. Comme la Sagesse, dans la première lecture, le Seigneur vient à notre rencontre et se trouve souvent assis à notre porte, le visage souriant !

Paul nous parle de la mort comme d’un sommeil. Les morts sont, littéralement, ceux qui dorment. Paul nous laisse donc entendre que ceux qui sont morts sont couchés et attendent que le Seigneur ressuscité vienne les réveiller et les relever. Comment ne pas entendre dans cette perspective ce cri de la parabole de Matthieu : « Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici l’époux ! Venez à sa rencontre ! » Et Matthieu d’ajouter : « Alors, toutes les filles se réveillèrent et préparèrent leurs lampes ! » Les morts sont ceux qui sont endormis mais dont la lampe de la foi continue de veiller dans l’attente de l’arrivée de l’époux et du réveil. Dans notre vie comme dans notre mort, l’espérance nous maintient dans l’attente de la résurrection. « Ne soyez pas abattus comme ceux qui n’ont pas d’espérance ! », comme ces jeunes filles qui n’ont plus d’huile dans leur lampe et qui restent dehors.

Paul exprime en quelques formules denses toute notre espérance. Ce sont les premières formules de foi ! « Puisque nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même aussi, ceux qui sont endormis (les morts), Dieu les conduira par Jésus et avec lui. » Jésus apparaît ici comme notre chemin vers le Père et notre compagnon de gloire. C’est par lui et avec lui que nous serons conduits vers le Père. Plus loin, Paul continue en disant : « Comme ceux qui sont endormis, nous qui sommes vivants, nous serons réunis à ceux qui étaient endormis et emportés vers la rencontre du Seigneur. Ainsi, toujours, nous serons avec le Seigneur ! » Le verbe « emporter » signifie littéralement « saisir », « agripper » : comment ne pas penser ici aux icônes de la descente aux enfers où nous voyons Jésus en piétiner les portes et saisir avec force les mains d’Adam et d’Ève pour les tirer hors du séjour des morts.

Le noyau de notre foi et de notre espérance se trouve exprimé dans notre confrontation à la mort de nos proches et à la nôtre. Notre espérance est tout simplement de croire que nous sommes appelés à vivre « avec le Seigneur ». Croire en la résurrection des morts, c’est être sûrs que rien, pas même la mort, ne pourra jamais nous séparer du Seigneur (Rm 8,38-39), et que nous serons « toujours avec le Seigneur ». Veiller n’est pas autre chose que vivre toujours en compagnie du Seigneur. Veillons donc dans la foi ! Peu importe le jour et l’heure de notre mort puisque nous sommes « toujours avec le Seigneur » ! Jésus ne nous a-t-il pas dit lui-même : « Je suis avec vous toujours jusqu’à la fin » (Mt 28,20) ?

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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