Les enfants nous séduisent. Nous aimons leur innocence, leur simplicité. Parfois, nous les envions de ne pas avoir de responsabilité ni de préoccupation. Nous sommes subjugués par leur candeur. Ils ont des réparties admirables. Et ils sont beaux. Je ne me souviens pas d’avoir rencontré un enfant laid. Le livre des Proverbes en fait «la couronne des grands-parents» (17, 9) et le Psaume 128 présente les «fils comme des plants d’olivier autour de la table» (v. 3).
Tous les auteurs bibliques ne partagent pas cette admiration. Un proverbe va jusqu’à dire : «La folie est liée au cœur des jeunes, le bâton qui châtie les en éloignera» (Proverbe 22, 15). Jésus compare sa génération à des enfants capricieux qui ne dansent pas quand on joue de la flûte et qui ne sont pas émus en entendant un chant funèbre (Cf. Matthieu 11, 16-19).
Au temps des évangiles, le statut des enfants n’était pas plus enviable que celui des esclaves. Saint Paul fait référence à une loi grecque qui s’appliquait chez les Galates : «Aussi longtemps que l’héritier est un enfant, il ne diffère en rien d’un esclave, lui qui est maître de tout, mais il est soumis à des tuteurs et à des régisseurs jusqu’à la date fixée par son père» pour être reconnu majeur par ce dernier. L’Apôtre n’apprécie guère les enfants quand il les décrit comme «ballotés, menés à la dérive à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à fourvoyer dans l’erreur» (Éphésiens 4, 14).
Jésus accueille les enfants. Aux disciples qui rabrouent les petits, il dit : «Laissez faire ces enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux» (Matthieu 19, 14). Le Seigneur reçoit alors des êtres qui n’ont pas de place dans la société, des êtres sans importance. Il signifie par là que l’entrée dans le royaume ne s’achète pas avec des qualités particulières. C’est en toute gratuité que Dieu accueille dans sa maison. Aucun mérite n’est nécessaire. Le royaume est sans prix. À la rencontre du Très-Haut, le Très-Bas n’est pas dédaigné. Au contraire.
Nous entrons donc dans le royaume dans la plus grande simplicité. La réalisation de notre être reste à faire. Notre véritable richesse est à venir, et à venir de Dieu.