Le Québec se printanise. La métamorphose ne se déploie pas sans heurts. Quelques beaux jours de chaud soleil ont réveillé nos rêves sans pour autant faire oublier les pluies abondantes qui ont submergé le paysage de plusieurs régions.
Nous ne sommes pas les seules victimes de la colère de la nature. Grâce aux médias, nous avons suivi la catastrophe japonaise. Un tsunami enragé s’est déchaîné suite à de violents tremblements de terre. Des milliers de morts, des édifices détruits. Une centrale nucléaire a même fait des dégâts. Ailleurs aussi, la terre a tremblé. L’eau a envahi la terre ferme. Des routes ont été défoncées, isolant des villages entiers. Ailleurs encore, c’est le pétrole qui a fait ses ravages, tuant faune et flore. Sans oublier la pollution, grave effet secondaire de nos inventions et de nos progrès.
Nous avons marché sur la lune. Nous avons fait des bonds énormes dans différents secteurs de la science. Mais nous restons dépourvus devant la nature. Celle-ci demeure forte, la plus forte. Quand elle se déchaîne, elle s’impose et elle gagne la plupart de ses combats.
Dans la Bible, Dieu s’est adressé clairement aux humains : «Remplissez la terre et soumettez-la.» (Genèse 1, 28) La tâche est exaltante. Depuis des millénaires, nous nous consacrons à ce projet emballant. Celui-ci nous tient bien occupés. Heureusement d’ailleurs : il nous laisse moins de temps pour nous chamailler! Grâce à lui, nous créons des solidarités, nous suscitons des partages, nous nous dévouons les uns aux autres. Que de réalisations de l’intelligence humaine ont fait naître des rapprochements, des alliances, des communions même.
Nous pouvons être fiers de tout ce que nous avons fait depuis que nous existons comme nous pouvons espérer des avenirs prometteurs. Mais comprenons bien ce que la nature nous dit quand elle attire notre attention. Ne nous rappelle-t-elle pas qu’elle demeure un don, une faveur? Elle nous est confiée, mais nous n’en sommes pas les propriétaires. Tout au plus, elle nous est prêtée pour vivre, grandir, nous rendre heureux.
Quand nous sommes bousculés par les sautes d’humeur de la nature, reconnaissons humblement nos limites. Souvent désarmés, puisons dans nos réserves de courage, si maigres soient-elles. La nature nous apprend à vivre en harmonie avec elle comme nous apprenons à vivre en harmonie les uns avec les autres. Nous sommes nés et nous vivons dans un univers merveilleux où la nature et nous écrivons le plus beau de tous les romans : «Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.» (Psaume 18, 4-5)