Celles qui les premières se pointèrent au tombeau, au matin de Pâques, furent tout de suite envoyées en mission d’annonce de la grande nouvelle auprès de ceux qui leur sont désignés comme les frères de Jésus. Peut-être y a-t-il une merveille dans le fait que cette mission d’annonce de la résurrection du Christ et d’un rendez-vous possible avec le Seigneur soit dévolue à des femmes ? Il y a comme un lien naturel entre le geste qui leur est demandé et l’œuvre toute-puissante que Dieu vient de produire au tombeau de leur maître, une œuvre de création. Il me semble que si les femmes sont, ce jour-là, en avance sur les hommes dans la découverte du Seigneur, c’est parce qu’elle ont une affinité particulière avec la vie, une complicité avec pareille nouveauté, avec l’inédit de Dieu manifesté dans la résurrection du Christ.
N’y a-t-il pas là pour nous de quoi prendre conscience de l’importance des femmes et du féminin dans le monde, dans l’Église, dans nos sociétés ? Les femmes ont des antennes pour capter la vie. Elles ont des bras et un cœur pour porter la vie, pour faire vivre. Or il s’agit ici de rien de moins que de l’enfantement du Ressuscité dans le cœur des croyants et des croyantes.
La convocation des disciples en Galilée est d’ailleurs surprenante et significative. Pourquoi les frères de Jésus doivent-ils se rendre là-bas pour voir leur maître ? La Galilée, n’est-ce pas l’endroit d’où viennent les disciples ? Ils sont nés là-bas. Ils ont grandi sur les bords du lac. C’est là qu’ils ont leurs racines, leur source au plan humain, leur Alma Mater. Retourner là-bas, c’est comme s’ils retournaient chez eux, dans leur pays, dans leur monde.
La Galilée n’est-ce pas le lieu où ils ont d’abord appris le Christ au quotidien en le suivant ? La Galilée, c’est un lieu de brassages humains, de gestations et d’affluences culturelles et religieuses multiples. La Galilée des nations n’est-elle pas dès lors le lieu idéal où promouvoir l’annonce de l’Évangile et l’espérance chrétienne ? Ne faut-il pas semer à tout vent la Bonne Nouvelle ?
Et si la vertu particulière des femmes dans l’Église était de nous rappeler, à nous les hommes, que notre accès au Ressuscité passe encore et toujours par nos sources, nos sensibilités fondamentales, nos racines, notre affection ? Nos amies les femmes ont mission de nous rappeler que la rencontre authentique et bien concrète avec le Seigneur se réalise dans ce qui fait notre vie ordinaire et jusque dans nos plus humbles routines. Cette reconnaissance demande à s’accomplir dans une démarche d’accueil, de disponibilité, de réceptivité. N’est-ce pas une affaire d’intériorité et de spiritualité comme nous y entraînent si « naturellement » les femmes ?
Jacques Marcotte, O.P.
St-Dominique de Québec