Tout a commencé humblement. Des parents pauvres, pas très instruits. Apparemment, une famille comme les autres, dans un petit village perdu sur la planète. Une trentaine d’années de vie discrète dans ce patelin qui n’avait pour richesse que des préjugés: « Que peut-il sortir de bon de Nazareth?» (Jean 1, 46)
Puis quelques mois, deux ou trois ans de vie publique où la parole a pris beaucoup de place au point qu’on a dit qu’en lui, « la Parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous» (Jean 1, 14). Des mots neufs pour traduire un message éternel. Des mots qui jettent de la lumière au point que la nuit du monde est devenue claire comme le jour. Des mots qui révèlent Dieu au côté des petits, des pauvres. Des mots qui prennent parti pour les grands aussi, quand ils sont rejoints dans leur propre pauvreté. Des mots qui contestent et qui ébranlent les certitudes. Des mots qui rassemblent, qui entraînent, qui mettent en marche. Des mots qui deviennent des gestes de libération, des actions qui ouvrent l’avenir. Des mots qui révèlent un homme à la fois semblable et différent des autres.
Cet homme, Jésus de Nazareth, fils de Marie, s’est révélé exceptionnel. Exceptionnel le message qu’il a communiqué. Exceptionnels ses gestes qui ont paru comme prophétiques, pleins de promesses. Exceptionnelles ses relations avec les autres. Exceptionnelle sa mort même. En lui, la mort a été porteuse de fécondité, de vie plus forte que tout. En le mettant à mort, on croyait lui arracher sa place au soleil. En mourant, il a donné, tout donné. Et l’humanité a tout reçu. Autant de sa mort que de sa vie.
L’humanité a même reçu sa présence, « tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Matthieu 28, 20). Ses disciples auraient pu s’imaginer devenir orphelins quand il a quitté la terre pour rejoindre son Père. Mais son Esprit a poursuivi sa présence au milieu de nous.
Son Esprit ne s’est pas limité à assurer la présence de ses idées dans les cultures et les civilisations, comme on remarque l’esprit d’Aristote ou de Paul Ricoeur dans la pensée philosophique. Son Esprit a été et est encore présence vivante, créatrice, inspiratrice. Si ses disciples, depuis les tout premiers jusqu’à ceux et celles de nos jours, sont fidèles à ses commandements, ils le doivent à la présence de cet Esprit. Leur fidélité ne se contente pas de répéter mécaniquement son message. L’Esprit éveille en eux les paroles et les gestes du maître. Il les recrée au plus intime d’eux-mêmes. Et on peut les entendre et les voir dans ceux et celles qui se mettent à sa suite et qui en assurent l’actualité.
Aux jours de bonheur comme aux jours difficiles, les croyants et les croyantes sont amenés à rendre compte de l’espérance qui les habite. Soutenus et guidés par l’Esprit, ils marchent comme s’ils voyaient l’invisible. Pour eux, Jésus de Nazareth est encore là, et bien vivant!