Février 2011, comme tous les févriers québécois, porte à la déprime. Beaucoup en ont assez de l’hiver. La neige, si belle en décembre, devient quasi insupportable. Si la température monte de quelques degrés, aussitôt émergent de la neige fondante un vieux sac de croustilles, un papier-mouchoir, un gant, mille et une chose perdues, échappées, abandonnées au cours des mois d’hiver. Les nuages participent à la tristesse de fin de saison froide en grisonnant plus que d’habitude. Du moins, nous avons l’impression qu’ils sont plus moroses.
Au beau milieu de ce mois désagréable se glisse une fête. Elle surgit discrètement dans quelques rares calendriers : la fête de Guido di Pietro, mieux connu sous le pseudonyme de Fra Angelico. Né en Toscane en 1387, ce prêtre, membre de l’Ordre des Dominicains, a peint des chefs-d’œuvre où le mystère de Dieu se laisse approcher délicatement. Chaque peinture est une prédication où la beauté et la justesse du sujet sont un reflet de la foi profonde de cet artiste exceptionnel. Nous sommes invités au recueillement.
Invités aussi à porter attention aux messages que véhiculent les arts. Dieu est de moins en moins visité dans les églises. Mais il n’hésite pas à nous faire signe dans bon nombre de créations cinématographiques. Qu’on pense à la trilogie de Bernard Émond : «La neuvaine», «Contre toute espérance», «La donation». Au printemps sortira «Pour l’amour de Dieu» de Micheline Lanctôt.
Vers la fin de ce mois-ci, on projettera, sur les écrans de divers cinémas québécois, un film d’une très grande beauté : «Des hommes et des dieux». Là aussi, le mystère de Dieu entraîne les cinéphiles sur des routes qui atteignent le cœur et bouleversent la quête de sens de l’être humain. Une autre invitation au recueillement.
Du côté de la chanson, le dernier disque de Kevin Parent comprend une prière, «Rage de vivre» («Seigneur, aide-moi à comprendre c’que j’fais là…») Il y a quelques années, du même Kevin Parent, la chanson-prière «Seigneur» avait décroché le prix de la chanson la plus populaire de l’année.
Des questions lourdes comme la mort, d’autres fragiles comme l’amour parcourent les disques de Fred Pellerin («J’m’en vais t’amener où c’est silence/Pour entendre juste la murmurance de ta voix…»), de Michel Rivard («Y’a quequ’chose qui m’appelle/quelque chose de plus grand que moi…»). Dans ces chansons où est recherché le sens de la vie, il y a assez d’espace pour que le mystère de Dieu se faufile. André Gagnon nous invite à nous engager sur «Les chemins ombragés», des musiques d’intériorité.
Plus explicites, le disque «Stabat Mater» d’Arvo Pärt, «Mysterium» de Dom Minier et la Schola, le coffret de Musiques sacrées d’Edgar Fruitier.
Non, Dieu n’a pas déserté la terre. Il continue d’habiter parmi nous, même quand nous avons l’impression qu’il a fui nos mois de février tristounets. Dieu aux mille visages, proposé de mille façons, Dieu de toutes les saisons…