Au moment d’écrire ces lignes, en 1996, l’auteure vivait en ermite à Notre-Dame-du-Rosaire, comté de Montmagny. Elle nous livrait alors quelques-uns des secrets de la célébration des Heures dans cette vie bien particulière.
Qu’est-ce que je peux dire sur ma manière de prier le bréviaire en solitude? C’est tellement simple en soi. […] N’ayant pas la prétention d’apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit, je vais donc dire en quelques lignes comment moi, ermite depuis onze ans, je célèbre les Heures en solitaire sans être jamais seule.
Je m’explique. Avant d’ouvrir le livre, j’ouvre mon cœur pour accueillir la Parole de Dieu et j’invite les anges et les saints, spécialement mes parents et ami(e)s, à se joindre à moi pour chanter les louanges de Dieu. Sortie d’une communauté contemplative cloîtrée où j’ai eu la chance de recevoir une formation liturgique particulière, j’ai toujours continué de chanter les psaumes à haute voix. J’ai aussi pris conscience que célébrer les Heures est une prière d’Église. Seule, je prie en Église, unie à tous ceux et celles qui prient en même temps que moi sans que je les connaisse.
Au début de ma vie érémitique, pour m’aider à actualiser la prière psalmique, je me suis donné le temps d’approfondir chacun des psaumes et de déterminer une intention de prière pour chacun d’eux. J’ai ainsi constitué un livret que je consulte régulièrement. Cela me permet de prier chaque psaume à une intention particulière et fixe mon attention. Voici quelques exemples:
Psaume 4 : pour les religieux en difficulté ;
Psaume 5 : pour les persécutés à cause de leur foi;
Psaume 9 : pour les pauvres délaissés;
Psaume 20 : pour nos gouvernants;
Psaume 70 : pour les personnes âgées;
Psaume 123: pour les suicidaires;
Psaume 144 : pour les gens heureux;
Psaume 150 : pour les musiciens et les artistes.
Il me semble assez facile de formuler ainsi des intentions en rapport avec le psaume.
Je désirais aussi apprendre quelques psaumes par cœur, pour les mieux prier et m’en servir éventuellement en l’absence de livre. Pour apprendre plus facilement un psaume, je me permets de remplacer un des psaumes du jour par celui que j’ai choisi, jusqu’à ce que je le sache par cœur, même si cela peut me prendre deux semaines par une répétition quotidienne. Cette méthode m’aide beaucoup à intérioriser la prière, toujours dite à haute voix, chantée le plus souvent dans mon cas. M’entendre est une manière d’être plus attentive aux mots que je prononce.
Un autre «caprice», que la solitude me permet de satisfaire, est de reprendre une fête du sanctoral omise par la liturgie à cause de la primauté du dimanche sur les fêtes et les mémoires. Un exemple récent l’illustre. Le 8 septembre dernier, fête de la Nativité de la Vierge Marie, tombait un dimanche. J’ai respecté le calendrier liturgique, mais le lendemain, jour férié, j’ai célébré l’office de la Nativité avec joie, avantage que la prière solitaire peut m’offrir. Quelques fantaisies de la sorte rompent la monotonie qui peut s’installer à la longue. Cela me tient en éveil. J’apprécie cet avantage que la célébration en commun permet rarement.
«Je ne suis jamais moins seule que lorsque je suis seule.» La formule est connue. Puissiez-vous en faire l’expérience, vous tous et toutes qui, comme moi, priez en solitaire.
Je crois vous connaître Lucille Denis. Je suis Marcelle Bilodeau. Avec vous j’ai présenté : La Messe sur le Monde. Je voudrais bien avoir tout le livre de T, D. Merci pour cette page de votre vie. C’est inspirant. Je suis maintenant à Lac Mégantic. C’est très beau, face au lac.
Je suis heureuse de vous avoir retrouvée. Je vais m’inspirer de votre témoignage.