Voyages de la Parole : suite
Paul et Barnabé, revenus à Iconium et à Antioche de Pisidie, affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. »
Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui.
Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie. Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé, ils descendirent vers Attalia, et prirent le bateau jusqu’à Antioche de Syrie, d’où ils étaient partis ; c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu pour l’oeuvre qu’ils venaient maintenant d’accomplir.
A leur arrivée, ayant réuni les membres de l’Église, ils leur racontaient tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi.
COMMENTAIRE
Dimanche dernier, dans les Actes, nous avons vu Paul et Barnabé en plein travail d’évangélisation. Plusieurs aspects de leur mission demeurent très inspirants pour notre propre défi d’évangéliser dans notre monde actuel. Mais la mission ne s’arrête pas là. En ce 5e dimanche de Pâques, nous voyons d’autres éléments qui viennent compléter le portrait des voyages de la Parole.
Une fois que la Bonne Nouvelle est annoncée, que des gens de toutes sortes l’accueillent et deviennent des disciples de Jésus, une autre étape du ministère commence, celle de constituer le tissu ecclésial, de raffermir la foi des nouveaux croyants et de construire des communautés de croyants. Plusieurs aspects de ce défi sont ici soulignés.
Les nouveaux disciples, juifs ou païens, entrent dans un long processus de conversion. Leur foi en Jésus Christ a besoin d’être solidifiée et approfondie pour qu’elle puisse mieux tenir dans des milieux qui ne la partagent pas et ne l’appuient pas. Ces chrétiens forment de petites minorités religieuses dans l’univers des cités de l’Empire romain. Ils sont exposés au questionnement et à l’opposition. Ils doivent devenir capables de rendre compte de leur espérance et de résister aux pressions du conformisme et de l’adversité. Paul et Barnabé s’attellent à cette tâche, celle d’affermir et d’exhorter ces nouveaux disciples. Les besoins sont très semblables aujourd’hui.
Pour que la communauté des disciples soit vivante et active et qu’elle continue dans le temps, elle a besoin de s’organiser, de se donner des premières structures de responsabilité partagée. Aussi, des responsables sont choisis; non pas un seul mais une équipe, ici celle des Anciens, des croyants qui ont du dynamisme et de la sagesse et qui peuvent exercer, ensemble, un leadership de communion et de mission. Et il ne s’agit pas seulement d’une job à accomplir, mais d’un ministère ecclésial, ce qui est signifié par les rituels et prières qui entourent leur nomination. Nous sommes aujourd’hui en pleine période de redéfinition de ces ministères et nous savons l’importance d’un travail d’équipe et du choix de personnes personnellement motivés de l’intérieur à s’engager pour leurs frères et sœurs.
Une autre dimension est aussi présente dans ce récit des débuts de l’Église. Paul et Barnabé ne fonctionnent pas seuls et en leur nom propre. Ils font partie d’une communion plus vaste. Eux-mêmes sont allés évangéliser parce qu’ils avaient été envoyés par la communauté d’Antioche de Syrie, première communauté chrétienne formée de païens, où Paul et Barnabé avaient d’abord exercé un rôle de catéchètes pour la formation à la vie chrétienne de ces nouveaux croyants. Ils retournent maintenant à la communauté pour rendre compte du travail réalisé, pour raconter les voyages et les fruits de la Parole.
Ainsi l’évangélisation est pleinement accomplie depuis l’envoi, l’annonce et l’accueil de la Bonne Nouvelle, jusqu’à l’affermissement, l’organisation et le témoignage devant l’Église qui les avait envoyés. Et les nouvelles communautés entreront dans la même dynamique. Elle se poursuit aujourd’hui encore.