Mercredi dernier, les «Canadiens» de Montréal ont battu les «Penguins» de Pittsburgh, 5 à 2. Grande et brillante victoire! Pour les non initiés, je parle de hockey, le sport national et international en Amérique du Nord. On en mange à pleine bouche depuis quelques semaines!
Dans l’après-midi de mercredi, nous avons trouvé un bâton de hockey dans notre église sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine à Montréal. Le bâton se trouvait, comme un ex-voto, près de la statue de saint Jude, un apôtre discret mais très populaire. On dit de lui qu’il est le «saint du bel espoir». La tradition en fait aussi le «patron des causes désespérées». Celui ou celle qui a offert son bâton à saint Jude pensait-il au «bel espoir» ou aux «causes désespérées»? Nous ne le saurons probablement jamais…
Une autre question, plus fondamentale : saint Jude y est-il pour quelque chose dans l’éblouissante performance du Tricolore? Peut-on prier pour le succès d’un club de hockey? Les saints peuvent-ils préférer un club et lever le nez sur son adversaire? Saint Paul affirme que «Dieu ne fait pas acception des personnes» (Galates 2, 6). Et saint Pierre : «Dieu est impartial, et qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui.» (Actes10, 34-35) Ce doit être la même chose chez les saints.
Plus fondamentalement, les saints suivent-ils les joutes, se préoccupent-ils de choses aussi terre à terre que le sport, la littérature ou la rénovation d’une maison?
Un mécréant me disait : «Faire intervenir les saints, ne serait-ce pas diminuer le talent de Cammalleri puisque les saints offriraient leurs miracles pour pallier les faiblesses des joueurs? Et que saint Jude mériterait ainsi la première étoile du match à la place de Halak?»
Par ailleurs, le croyant que je suis refuse de réduire Dieu et les saints au rôle de serviteur. Quand j’ai besoin d’un service, je prends le téléphone de la prière et j’appelle le «boy» de service. Dieu et les saints ne seraient que des machines distributrices de petits ou grands miracles pour répondre à mes désirs et me déresponsabiliser de mes devoirs.
Auprès de nous, les saints peuvent nous inspirer par le témoignage de leur vie. Ils sont avant tout le reflet d’une page ou l’autre de l’Évangile. Leur vie reflète un aspect ou l’autre du Christ. Ils nous invitent à trouver le sens de nos existences en Dieu.
Depuis son ascension auprès du Père, le Christ est présent d’une autre façon auprès de nous. Il n’est plus en chair et os sur la terre. Ne prêtons pas l’oreille pour entendre sa voix, saisir sa respiration, voir son visage, reconnaître ses gestes ou sa démarche. Tout cela était possible pour sa mère Marie et pour Joseph, pour les disciples ou pour Marie-Madeleine. Ne comptons pas là-dessus dans nos relations avec le Seigneur. «Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel?», demandent les deux hommes en vêtements blancs alors que les disciples fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait (cf. Actes 1, 10-11).
Et laissons nos héros compter des buts pendant que les moins habiles comme moi vont se contenter de les regarder jouer!…