Ce dimanche 23 mai, les catholiques célèbrent la Pentecôte. La fête sera discrète sur la place publique. Les rues ne seront pas décorées pour souligner l’événement. Pas de fanions sur les automobiles comme ceux qui annoncent les partisans des sports. La coupe du monde fait déjà parler d’elle alors que la Pentecôte demeure dans l’ombre.
Et pourtant, le mystère que les catholiques soulignent prend beaucoup de place dans l’histoire de l’humanité. Il envahit même chaque vie humaine. Car l’Esprit accomplit une œuvre de grande envergure dans le quotidien de la planète. Dans chacune de nos vies aussi…
Saint Augustin dirait que Dieu a entendu mon premier cri de bébé comme une prière. Sans doute que ce fut là ma première prière. Mais quand ai-je été conscient que je m’adressais à Dieu? Je ne me souviens pas. C’est venu comme ça, probablement à en voir d’autres prier, à voir mes parents prier. Je ne me souviens pas quand j’ai commencé à dire le Notre Père. J’ai l’impression plutôt que cette prière fait partie de moi depuis ma conception. La prière m’habite depuis longtemps. Et je crois que c’est l’Esprit qui prie en moi depuis le jour de mon baptême.
Il m’arrive de porter attention à d’autres personnes, de reconnaître en elles les traits du Christ. Dans leur bonté, je reconnais la bonté du Christ. Dans leur amour, l’amour du Christ. Dans leur espérance, l’espérance du Christ. Dans leur passion, la passion du Christ. Je n’ai pas l’impression d’avoir choisi tout seul de reconnaître le Christ dans les autres. Je crois que l’Esprit du Christ lui-même me guide sur ce chemin d’Évangile.
Parfois, je réagis fortement devant une injustice, devant le mépris des grands à l’égard des petits, devant la guerre qui se fait toujours sur le dos des faibles. J’ai reçu de mes parents une bonne éducation à la justice et au respect des autres, mais je crois qu’ils ont répondu aux inspirations de l’Esprit Saint et que, par eux, l’Esprit m’a inoculé le virus de l’Évangile.
Je crois que l’influence de l’Évangile dans ma vie dépend grandement de l’action discrète de l’Esprit. Lentement, il me guide sur la route du royaume. Il fait en sorte que j’apprivoise progressivement la lumière du Christ.
Chaque chrétien, chaque chrétienne pourrait donner un témoignage semblable au mien. Chacun, chacune pourrait reconnaître que la foi qui l’habite porte le sceau de l’Esprit.
Que de chrétiens et de chrétiennes ont choisi le mariage pour devenir des couples à l’image de l’alliance de Dieu avec l’humanité, de l’alliance du Christ avec l’Église. L’Esprit est derrière ce choix de vie. L’Esprit travaille en eux à construire cette nouvelle alliance.
Que de chrétiens et de chrétiennes font de leur profession, de leur métier, un service de la société, une collaboration à l’œuvre commune d’une ville, d’un pays, de la planète. L’Esprit de Dieu les inspire et les amène à considérer leur tâche comme le prolongement de l’action du Christ qui est venu rassembler les enfants de Dieu dispersés.
Que de chrétiens et de chrétiennes ont accepté de remplir une mission au service de l’Évangile et de l’Église. L’Esprit les guide, les inspire, les soutient…
La présence de l’Esprit sur terre et son action épousent la présence et l’action des croyants et des croyantes. L’Esprit n’agit pas tout seul. Il passe toujours par des actions et des paroles humaines. Nous sommes, comme êtres humains, comme baptisés, la tête, le cœur les mains de l’Esprit de Dieu.
J’arrête mon discours. Il vaut mieux laisser l’Esprit nous parler dans le silence. Pointer du doigt des initiatives qu’il a prises à travers nos propres engagements. Reconnaître aussi qu’il continue de nous inspirer et de nous appeler à la construction d’une terre plus humaine, d’un royaume sans frontière, à la dimension du cœur de Dieu.