Mon amie Isabelle fête ses noces de cretonne cette année. Pour marquer le coup, elle intègre ce tissu dans un montage de scrapbooking qu’elle incorporera dans son album à anniversaires de mariage. Son fascicule est magnifique à feuilleter. La première page commence avec leur photo de noces. Elle, tout de blanc vêtu, appuyée au bras de François. Je me souviens de cette journée de bonheur à laquelle j’ai participé, il n’y a pas si longtemps, me semblait-il. Déjà, dans leur première jeunesse, on sentait l’amour les transporter et leur faire déplacer les montagnes. Deux êtres remplis d’idéalisme, au service des autres.
La deuxième page est recouverte d’un joli coton, et on les voit travaillant dans une communauté au cœur d’un pays du tiers-monde. Ils avaient consacré cette première année non à leur carrière mais à une expérience humanitaire qui leur ressemble tant et qui a imprégné tant d’humanité en eux! Leur cœur a souffert avec les miséreux, et les traces de ce voyage sont sûrement pour beaucoup dans ce réflexe de cette table toujours ouverte à l’accueil de l’autre.
La troisième page, un origami en forme de couffin recueille la photo de Benjamin, nouveau-né, endormi paisiblement. Ce sont les noces de papier. C’était les débuts de leur vie de famille. Je me souviens combien leur logement était zen et si joliment aménagé de simplicité. Quelques éléments du Pérou venaient orner les murs, et des photos laminées de leur séjour là-bas.
Ensuite, vient une page en vélin sur laquelle est dessinée telle une enluminure, un jardin de roses où Héloïse, nouveau-née, semble avoir surgie. « Maintenant, m’avait dit Isabelle, les parents sont à égalité avec les enfants. On a hâte qu’il y est ballotage de leur côté. » François galérait dans un organisme humanitaire pendant qu’elle assurait l’éducation des petits qui l’occupaient beaucoup, l’aîné ayant alors un an et demi. C’était aussi le moment où ils animaient des rencontres de baptême dans leur paroisse.
Quatre pages plus loin, Léa complètera la famille biologique. On la voit reposer sur un petit chausson de laine! La famille est déjà plus installée, dans leur nouvelle maison en rénovation. Ces travaux ont déjà beaucoup avancé depuis. C’est amusant de voir l’ancien comptoir de cuisine en arrière plan. François a trouvé un nouvel emploi de coordonateur en lien avec sa formation initiale. Isabelle de son côté s’implique à l’école de l’aînée.
La page des dix ans de mariage est couleur étain. Une photo de leur périple familiale en camping-car autour de l’Europe occupe une petite place. La dernière a près de trois ans à ce moment-là. Après le voyage, le couple adoptait Jean, un enfant trisomique et sourd. Une grande photo de lui entouré des autres enfants est particulièrement touchante. N’est-ce pas là que le périple devient plus à saveur d’aventure? Et le paysage s’embellit davantage devant la grandeur de leur accueil.
On tourne tous ces jolis souvenirs, et en fin d’album elle y place la page des 19 ans de mariage. Sa fille aînée qui va sur ses 16 ans ressemble étrangement à la jeune
Mariée du début. Toute les six sont réunis autour d’un repas. Que le temps a été bien rempli. Beaucoup de boulot reste encore à faire avec la famille, mais on sent déjà que le jeune couple idéaliste du début n’a pas déçu celui qui parcoure les pages du temps. Avant de plonger dans son œuvre, j’avais toujours considéré désuets ces anniversaires que l’on célèbre année après année. Maintenant j’en saisis toute la richesse. Je lui partage mon admiration devant ce trésor. Elle me répond que le trésor est bien plus grand qu’elle ne l’avait d’abord imaginé. Quand elle consulte ces pages, elle est renforcée dans sa conviction d’avoir choisi le bon mari : « C’est un peu comme si Dieu, témoin à notre mariage, avait pris tous ces clichés, renforçant notre amour à chaque nouvelle page! »
C’est si joli qu’on souhaite que l’histoire se poursuive jusqu’aux noces de chêne…