Sandrine et Pierre sont un modèle pour plusieurs de leurs amis. Ils symbolisent ce couple dont l’amour continue à être vivant et qui les a fait heureux parents de quatre enfants. Une famille parfaite. C’est dire combien j’étais estomaquée ce jour où au détour d’un café, Sandrine me confia qu’elle songeait à quitter Pierre : « Je ne crois plus que je l’aime, c’est triste… mais ainsi va la vie… Il n’est plus le même. Je ne veux pas vieillir auprès d’un tel homme aigri. De toute façon, il ne m’aime plus! » J’ose timidement lui rappeler que la semaine dernière, elle m’avait dit qu’il lui avait gentiment préparé des petits plats pour la reposer… « Oui, je sais, mais c’est plus compliqué que cela… »
Les semaines ont passé sans que je n’aie de ses nouvelles. Puis, un beau jour, elle vient sonner à ma porte. Elle me glisse un : « Au fait, pour ce que je t’ai dit l’autre jour, oublie cela. Ça va beaucoup mieux maintenant avec Pierre! » J’étais soulagée de l’apprendre, car j’avais été attristée par la nouvelle. En fait, elle me raconta qu’ils avaient eu une franche discussion qui avait duré des heures. Elle lui reprochait tout : le fait qu’il bouge tout le temps quand il dort, la mauvaise humeur qu’il a en rentrant du boulot, ses reproches, le temps qu’il passe aux sports, son sentiment qu’il délaisse la famille…
Durant la discussion, ils avaient l’impression de n’avancer à rien, et surtout de ne voir aucune solution. Puis, soudain, elle lui a sorti un énième reproche qu’elle avait sur le cœur. Quelque chose de banal: le samedi matin il la laissait se lever seule pour s’occuper des deux plus petits. Il restait au lit durant ce temps. Autrefois, il se levait avec les deux aînés et offrait à Sandrine de rester au lit. Mais comme elle est matinale et aime à se lever tôt, elle avait insisté à quelques reprises pour affirmer ne pas être dérangée par le fait de sortir du lit tôt pour les benjamins. Au bout de trois ans de ce régime, elle en concevait de la rancœur. Lui, gagné par la paresse ne lui offrait plus jamais de se reposer le samedi matin. Elle n’avait pas remarqué combien cela lui manquait. Combien ce geste d’autrefois signifiait pour elle de la tendresse, de la reconnaissance de la part de son mari.
Dès que Pierre se levait, à la moindre incartade, elle devenait agressive et lui ne comprenait pas. Elle non plus. Elle a fini par ne plus pouvoir le supporter. Et ce n’est qu’au cours de cette discussion qu’elle s’est rendue compte d’où était parti tout son éloignement par rapport à son époux. Ce fut une délivrance pour tous deux, de pouvoir cerner aussi simplement leurs difficultés conjugales. Inutile de préciser que Pierre se lève maintenant les samedis. Pour Sandrine c’est aussi surprenant : « Curieusement, je ne réalisais pas que cela me minait et m’affectait à ce point. Je pilais par-dessus en me croyant au-dessus de cela. Pour moi, il était logique de me lever pour les petits étant donné que j’aime me lever tôt. Mais j’avais tout le petit-déjeuner sur les bras et lui se levait peinard. En fait, j’enrageais silencieusement. »
Cette histoire finit bien mais elle donne à réfléchir! Les petits soucis ne doivent pas être refoulés. Il nous faut être vigilant face aux petits désagréments que l’on vit. L’importance de communiquer est impératif pour un couple. Sandrine a beaucoup prié durant sa période de doute afin d’être éclairée. Avant d’échanger sur des sujets épineux, un couple gagnera toujours à prendre le temps nécessaire pour recevoir la lumière et aussi la sagesse des mots qui ne blesseront pas l’autre. Les petits soucis se nourrissent de nos silences, et peuvent devenir beaucoup dommageables que nous le pensons. Rien n’est insignifiant dans nos vies.