« Marie partit en hâte vers le haut pays » jusqu’à « … ce qui a été dit s’accomplit. »
Le sens de la visite de Marie à Élisabeth
1. Les meilleurs se rendent auprès des moins bons afin de leur fournir quelque profit par leur venue. C’est ainsi que le Sauveur vient auprès de Jean sanctifier son baptême. Et à peine eut-elle entendu l’ange lui annoncer qu’elle concevrait le Sauveur et que sa parente Élisabeth était enceinte, Marie partit en hâte pour le haut pays et entra dans la maison d’Élisabeth, car Jésus qui était en son sein avait hâte de sanctifier Jean, encore dans le ventre de sa mère. Avant Ι’arrivée de Marie et la salutation d’Élisabeth, le petit enfant n’« exulta » pas « dans le sein de sa mère », mais dès que Marie eut exprimé les mots que le Fils de Dieu, dans son sein, lui avait suggérés, « l’enfant bondit d’allégresse » et dès ce moment, Jésus fit de son précurseur un prophète.
Symbolisme du «haut pays»
2. Il fallait aussi que Marie, parfaitement digne d’être la mère du Fils de Dieu, après son entretien avec l’ange gravît la montagne et demeurât sur les hauteurs. Voilà pourquoi il est écrit : « En ces jours-là, Marie se mit en route et se dirigea vers le haut pays. » De plus, soucieuse de ne pas s’attarder, pleine de zèle, elle devait se hâter; et remplie de l’Esprit Saint, elle devait être conduite vers les hauteurs protégée par la puissance de Dieu qui l’avait couverte de son ombre. Elle vint donc «dans une ville de Juda, dans la demeure de Zacharie et salua sa cousine Élisabeth. Or, lorsque Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant bondit en son sein et elle fut remplie du Saint-Esprit ».
La sanctification par l’Esprit Saint
3. Ainsi, il n’y a pas de doute : si Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, c’est à cause de son fils, car ne n’est pas la mère qui a d’abord mérité l’Esprit Saint : ce fut lorsque l’enfant, encore enfermé dans le sein de sa mère, eut reçu l’Esprit Saint, donc après la sanctification de son fils, qu’Élisabeth fut elle aussi remplie de l’Esprit Saint.
Vous le croirez aisément si vous savez qu’il s’est produit quelque chose d’analogue au sujet du Sauveur. On constate, comme nous l’avons relevé dans un certain nombre d’exemplaires, que la bienheureuse Marie a prophétisé. Nous n’ignorons pas, cependant, que, selon d’autres manuscrits, c’est Élisabeth qui a prononcé ces oracles. Ainsi donc, Marie fut remplie de l’Esprit Saint dès qu’elle porta en elle le Sauveur. Aussitôt qu’elle eut reçu le Saint Esprit, créateur du corps du Seigneur, et que le Fils de Dieu eut commencé à exister en elle, Marie fut elle aussi remplie de l’Esprit Saint.
La virginité de Marie
4. Donc, « l’enfant bondit dans le sein d’Élisabeth et remplie de l’Esprit Saint, elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie entre toutes les femmes. »
Ici, pour que les simples ne s’y laissent pas prendre, nous devons réfuter les objections habituelles des hérétiques. À la vérité, je ne sais qui a pu s’abandonner à une telle insanité pour soutenir que Marie avait été reniée par le Sauveur, parce qu’après la nativité, elle aurait été unie à Joseph. Voilà ce que quelqu’un a prétendu ! Dans quelle intention? Il saura peut-être en rendre compte, celui qui a tenu de tels propos.
Donc, si des hérétiques vous font parfois une objection de ce genre, répondez-leur en leur disant : assurément, Élisabeth est remplie de l’Esprit Saint lorsqu’elle dit : « Tu es bénie entre toutes les femmes ». Or si le Saint-Esprit a proclamé Marie bienheureuse, comment le Sauveur a-t-il pu la renier? De plus, ceux qui affirment qu’elle a été unie à Joseph après avoir enfanté ne peuvent en fournir de preuves : ceux qu’on dit fils de Joseph ne sont pas nés de Marie et rien dans l’Écriture ne mentionne ce fait.
La sanctification vient de Jésus
5. « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur? »
Ces mots : « D’où m’est-il donné… », ce n’est pas par ignorance qu’Élisabeth les prononce, comme si elle, qui est remplie de l’Esprit Saint, ne savait pas que la mère du Sauveur venait à elle selon la volonté de Dieu; elle les dit dans le sens que voici : « Qu’ai-je fait de bien ? Mes œuvres sont-elles d’une telle importance que la mère du Seigneur vienne auprès de moi? Me suis-je montrée si sainte, si parfaite? Ma pensée a-t-elle été si fidèle que j’aie mérité la visite de la mère du Seigneur? Car dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l’enfant a bondi d’allégresse dans mon sein. »
Sainte était l’âme du bienheureux Jean et encore enfermée dans le sein de sa mère, avant même de venir au monde, elle connaissait celui qu’Israël ignorait. Voilà pourquoi Jean « bondit », et il ne bondit pas tout simplement « il bondit d’allégresse ». Il avait senti que le Seigneur était venu pour sanctifier son serviteur même avant sa naissance. Puisse-t-il m’arriver d’être traité de fou par ceux qui n’ont pas la foi, pour avoir cru en de tels mystères ! Les faits eux-mêmes et la vérité ont bien montré que j’ai cru non à une folie, mais la sagesse, car ce qui est tenu pour folie par ces gens-Ιà est pour moi occasion de salut.
6. En effet, si la naissance du Sauveur n’avait pas été céleste et bienheureuse, si elle n’avait rien eu de divin et de supérieur à la nature humaine, jamais sa doctrine n’aurait gagné toute la terre. Si dans le sein de Marie, il n’y avait eu qu’un homme et non le Fils de Dieu, comment aurait-il pu se faire qu’en ce temps-là, et aujourd’hui encore, soient guéries toutes sortes de maladies, non seulement du corps, mais aussi de l’âme ? Parmi nous, qui, dans le passé, n’a pas été insensé, alors que nous avons aujourd’hui, par la miséricorde divine, l’intelligence et la connaissance de Dieu ? Qui n’a pas manqué de foi en la Justice, alors qu’aujourd’hui, à cause du Christ, nous avons la Justice et nous la suivons ? Qui d’entre nous n’a jamais erré sans savoir où il allait, alors que maintenant, grâce à la venue du Sauveur, nous ne connaissons plus l’hésitation et le trouble, mais sommes sur le chemin, c’est-à-dire en celui qui a dit : « Je suis le chemin… » (Jn 14, 6) ?
La puissance du Christ est toujours actuelle
7. Si nous rassemblons encore tous les autres éléments, nous pouvons constater que tout ce qui a été écrit de Jésus est tenu pour divin et digne d’admiration, car sa naissance, son éducation, sa puissance, sa passion, sa résurrection ne sont pas seulement des faits qui ont eu lieu en ce temps-Ιà : ils opèrent en nous aujourd’hui encore.
Qui donc, catéchumènes, vous a rassemblés dans l’Église? Quel aiguillon vous a poussés à quitter vos demeures pour vous joindre à cette assemblée? Ce n’est pas nous qui avons fait le tour de vos maisons, l’une après l’autre, c’est le Père tout-puissant qui par sa force invisible a mis en vos cœurs — car il les en sait dignes — cette ardeur à venir à la foi. C’est pour ainsi dire malgré vous, de mauvais gré, que vous avancez, surtout au début de votre vie chrétienne, lorsque vous recevez dans la crainte la foi du salut, comme si la peur vous faisait trembler.
Exhortation aux catéchumènes
8. Je vous en supplie, catéchumènes, ne faites pas marche arrière. Que nul d’entre vous ne se laisse aller à l’effroi et à l’épouvante. Jésus marche devant vous : suivez-le. C’est lui qui vous attire vers le salut, qui vous rassemble dans l’Église, une Église terrestre aujourd’hui; mais si vous produisez de bons fruits, ce sera dans « l’Église des premiers-nés, dont les noms sont inscrits dans les cieux » (He 12, 23).
« Heureuse celle qui a cru », heureux aussi celui qui a cru, parce que pour eux s’accompliront les paroles du Seigneur qui leur ont été dites. C’est à leur sujet que Marie magnifie le Seigneur Jésus : « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu… » Quel sens donner à ces mots? Si Dieu nous l’accorde, lorsque nous nous réunirons à nouveau dans cette église, lorsque vous viendrez tout joyeux dans la maison de Dieu pour écouter la lecture de l’Écriture Sainte, nous chercherons, nous examinerons à nouveau cette parole et nous en parlerons plus longuement, dans le Christ Jésus « à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen » (1 P 4, 11).