Sarah s’entraîne à la course de fond tous les matins, pendant une heure en vue de compétitions. Elle y met tout son cœur, son mental et une grande part de son mode de vie.
Elle désire se qualifier. Parfois, elle est fatiguée, mais, quand le désir de tout abandonner l’entraînement survient, elle persévère, et s’obstine à ne pas laisser tomber.
Manon aime aussi la course à pied. Elle participera à la même compétition que Sarah. Elle pratique quand elle le peut. Elle n’a pas d’objectif d’entraînement précis, aimerait certes se qualifier, mais y va plutôt avec son désir et le temps qu’elle a pour pratiquer. Elle prend soin de bien s’alimenter, coure trois à quatre fois par semaine. Parfois son exercice dure 1 heure, parfois 45 minutes. Tout dépend si elle apprécie le moment. Et quand elle est trop fatiguée, elle s’arrête. Elle envisage d’abandonner le jour où elle n’appréciera plus l’activité.
Ces entraînements et la façon de s’y préparer rappelle le mariage. Plusieurs ne croient pas à l’amour de toute une vie, et pensent qu’il est plus humble de ne pas croire qu’on parviendra à « durer » ensemble pour toujours. Et puis, ces mêmes personnes croient qu’il vaut mieux prioriser la sincérité et ne pas « endurer » de vivre à côté d’une personne qu’on n’aime plus.
D’autres croient que le mariage nécessite une préparation et de la foi. Si nous commençons notre vie à deux en croyant que l’on finira par se séparer en cas de pépin, les chances de longévité du couple sont moindres. Ce n’est pas par arrogance que les couples catholiques croient au mariage jusqu’à la fin des temps. Un couple est un regroupement de deux individus en équilibre précaire. L’équilibre n’est jamais gagné d’avance et personne n’est à l’abri d’une rupture. Cependant, un couple averti en vaut deux! Et une préparation aux situations et étapes normales du couple peut aider grandement à surmonter les épreuves inévitables à venir.
Mais après tout, pourquoi « durer »? Dans notre monde de « zapping » s’engager pour toujours devient insensé. Doit-on rester avec quelqu’un pour qui nous n’éprouvons plus d’amour?
Et si la question était mal posée? S’il fallait d’abord se demander ce qu’est l’amour? Est-ce que ce que l’on ressent est toujours représentatif des sentiments véritables qui nous habitent? Le sentiment d’amour renaît souvent de ses cendres. Alors qu’on le croit fini, le voilà qui ressurgit en nous après un temps de retrouvailles ou de communication à deux.
L’amour au fil des ans s’accumule en nous telle la couche d’humus de la forêt. C’est elle qui nourrit tout. Les arbres poussent grands et forts, les petites plantes viennent réjouir nos yeux. L’humus permet à la forêt de vivre. Au fil des ans il devient une couche profonde de la surface terrestre.
Les souvenirs que nous partageons sont une richesse incroyable. Il ne s’agit pas de faire durer un couple par peur de l’inconnu ou par habitude, il s’agit de le faire vivre longuement afin de goûter le meilleur de l’amour. Comme ces coureurs qui ressentent les bienfaits de l’exercice en leur corps après l’effort. Comme le vin vieux qui prend tout son arôme après de longues années dans la cave.
Vieillir auprès de celui ou celle qui a toujours été là dans les bons et mauvais moments, qui nous accepte tel que nous sommes, et qui a en partage nos enfants envolés, voilà le vieux vin qui réjouit nos papilles. Assister ensemble au bonheur de voir sa descendance se perpétuer, et ne plus avoir besoin de mot pour se comprendre suffit à nous donner envie de mettre l’énergie et la foi nécessaire en l’autre.
Il arrive parfois que des coureurs comme Manon se qualifient malgré le manque de préparation et de conviction. Et parfois, des coureurs comme Sarah n’atteignent pas leurs objectifs. Mais parions que Sarah a plus de chance de monter sur le podium lors de la compétition qui vient.