Quel bonheur?
Jésus descendit de la montagne avec les douze Apôtres et s’arrêta dans la plaine. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une foule de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Regardant alors ses disciples, Jésus dit :
« Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous !
Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés !
Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez !
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation !
Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim !
Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c’est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
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COMMENTAIRE
Où est notre joie ? Quels biens nous la donnent ? Comme nord-américains du 21e siècle, nous avons notre vision du bonheur : un bonheur visible et palpable, un bonheur qui s’achète et se vend, ou qui s’emprunte. Évidemment, il n’y en a pas pour tout le monde : c’est un bonheur qui se prend et qui se gagne, au jeu du plus fort.
Nous nous sommes faits des béatitudes à notre mesure.
Heureux ceux qui sont puissants, qui possèdent et contrôlent: le pouvoir est à eux et tous les royaumes des autres.
Heureux ceux qui sont satisfaits, comblés de confort : ils ont déjà tout ce qu’il faut et dix fois plus.
Heureux ceux qui sont en pleine forme, épanouis et souriants, de préférence minces et jeunes : ils savent profiter de la vie.
Heureux ceux qui ont le prestige du pouvoir, des biens, du savoir, ceux que tout le monde écoute et qui disent ce que tout le monde veut entendre : ça rapporte.
Heureux sont-ils tous ceux-là. Quant aux autres, qu’ils essaient de faire pareil.
Sinon, malheureux sont-ils tous ces pauvres types qui traînent en arrière, qui ne savent pas se débrouiller et ne connaissent pas les lois du profit : qu’ils se consolent entre eux.
Malheureux ceux qui n’ont pas grand-chose et qui n’accumulent pas : ils auront encore faim.
Malheureux ceux qui sont inquiets et qui désespèrent, qui ne se contentent pas de nos petits bonheurs : ils feront des dépressions.
Malheureux ceux dont la voix n’est pas entendue et qui contredisent notre beau système de valeurs: on les fera taire.
Il n’y a pas de place pour tous ces vaincus dans notre royaume. Des béatitudes à notre mesure, celle du bon sens.
Qui est heureux ? Où sont nos valeurs ? Quand Jésus annonce ses béatitudes à lui, il vire à l’envers nos béatitudes, il les bouscule. Car son Royaume ne ressemble pas au nôtre. Y sont heureux non pas tout ce beau monde qui a réussi, mais ceux qui ne possèdent pas et qu’on n’écoute pas.
Excellent mon frère!